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Burkina : le CDP est-il au bord de l’implosion ?

Au regard de l’évolution de l’actualité au sein du Congrès pour la démocratie et le congrès (CDP) sur la tenue du 8e congrès, l’on est en droit de dire qu’il faut désormais compter avec deux tendances.  L’aile futuriste du parti portée par le président du CDP, Eddie Komboïgo, qui tient à la tenue du congrès, et celle historique incarnée par les vice-présidents qui s’y opposent.

Après avoir fait annuler par une décision de justice, l’organisation du congrès les 4 et 5 décembre 2021, le président a finalement eu le quitus pour le tenir les 18 et 19 décembre. Contre toute attente,  ceux qui se réclament les templiers de l’ex-parti au pouvoir continuent de s’opposer à la tenue  de ce rendez-vous statutaire.

A travers des conférences de presse aux allures de réplique, les deux camps tentent de justifier leur position. C’est dans cette atmosphère à tout le moins conflictuelle que le 8e congrès va se tenir à Ouagadougou, ce week-end. Déjà, l’issue de cette rencontre présage d’une implosion probable.

Les vice-présidents qui ne veulent pas du congrès n’ont pas démissionné du parti. L’on se demande quel sort leur sera réservé au terme de la rencontre. Ils courent certainement le risque de perdre leurs responsabilités au sein des instances dirigeantes du CDP, dans la mesure où le président du parti est dans son droit de convoquer cette rencontre.

Une fois de plus, l’égo et les jeux d’intérêt sont en train d’étriper un parti politique qui a eu du mal à se repositionner sur l’échiquier politique après l’insurrection populaire de 2014. Fort de son assise nationale, le CDP avait pu se refaire une santé politique en arrivant 2e au double scrutin présidentiel et législatif de novembre 2020. Mais hélas, les incompréhensions et les conflits de leadership ont fini par fragiliser de nouveau le parti.

Ce qui se passe actuellement au CDP est symptomatique de l’animation de la vie des partis politiques sous les tropiques. Cela dénote d’une véritable absence de discipline dans les partis politiques.  Pour  une question d’intérêts égoïstes, les idéaux du parti sont relégués au second plan pour faire place à l’exaltation éhontée de l’égo. Dans cette spirale de « ôte-toi que je m’y mette », les militants de base sont ballottés dans tous les sens.

Les inimitiés camouflées des leaders font surface, les rivalités de basse-cour prennent le dessus sur le bon sens. Ceux qui se donnaient de chaudes accolades et levaient fièrement les bras ensemble devant les objectifs de caméras se livrent désormais des querelles de chiffonniers.

C’est ainsi que l’engagement politique a perdu toute crédibilité aux yeux  d’une certaine opinion. Quand des leaders politiques sont incapables de faire abstraction de leurs contradictions pour privilégier l’intérêt général,  comment peuvent-ils être crédibles vis-à-vis du peuple ?

Nos politiciens gagneraient à faire preuve  d’un minimum d’éthique dans l’espace public. Quand l’on est incapable d’intégrer la contradiction et la pondération dans son engagement politique, il vaut mieux s’abstenir d’amuser la galerie. Faire la politique requiert des valeurs d’autant plus que l’on aspire à conquérir le pouvoir d’Etat. Les leaders du CDP, toutes tendances confondues, auraient pu faire l’économie de ce spectacle qui écorne lamentablement l’image du parti. Et l’issue de ce 8e congrès va davantage accentuer les clivages.

Ahmadou Bayala/Ouaganews

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