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Situation au Mali : la Transition en panne

Dans la soirée du lundi 24 mai 2021, après l’annonce du gouvernement II de la Transition malienne, le président Bah N’Daw et son Premier ministre, Moctar Ouane, ont été conduits de force au camp militaire Soundiata Keïta de Kati, à 15 km de la capitale Bamako. Cette nouvelle qui a pris de court plus d’un s’est confirmée, au fil du temps.

Aussitôt, la Minusma, le secrétaire général de l’ONU, la CEDEAO ont réagi pour appeler à la libération immédiate des deux personnalités. Rien n’y fit. Il a fallu attendre l’après-midi du mercredi 25 mai 2021, pour qu’un communiqué du vice-président de la Transition, Assimi Goïta, soit lu à la Télévision malienne dans lequel ce dernier annonce la mise hors de leurs prérogatives des deux personnalités.

En clair, la Transition malienne vient de prendre du plomb dans l’aile, à quelque neuf mois de sa fin.   « Dans les démarches de constitution d’un nouveau gouvernement, le Premier ministre nouvellement reconduit, a établi une liste de gouvernement en accord avec le président de la Transition sans concertation avec le vice-président en charge des prérogatives à lui conférées par la charte, à savoir la Défense et la Sécurité.

Une telle démarche témoigne d’une volonté manifeste du président de la Transition et du Premier ministre d’aller vers une violation de la charte de transition, contrairement au serment prêté, lors de son investiture, le 25 septembre 2020 », indique le communiqué attribué au vice-président. Un extrait qui montre que les incompréhensions étaient profondes entre les premiers responsables de la Transition malienne.

Avec cette triste parenthèse au bord du fleuve Djoliba, c’est la prégnance des ambitions personnelles et des intérêts inavoués qui est en train d’empiéter sur la souveraineté du Mali. Les militaires qui ont perpétré le coup d’Etat du 18 août 2020, n’entendent pas se retrouver à jouer les seconds rôles face à des gens qu’ils ont, malgré eux, mis au-devant de la scène.

Le président N’Daw et son Premier ministre, Moctar Ouane, pressés de toutes parts par les politiques et les syndicats, ont cru bon d’écarter certains officiers proches du vice-président, cerveau du putsch d’août 2020, du gouvernement. Ce qui se passe actuellement est le signe que le Mali traverse l’une des pires crises de son histoire, où l’existence même de l’Etat est véritablement menacée.

Là où le patriotisme était recommandé, les intérêts de camp ont pris le dessus. Là où l’union des autorités transitionnelles devrait prévaloir, les ambitions personnelles se sont affirmées.  Ceux qui ont voulu le départ d’Ibrahim Boubacar Keïta du pouvoir en 2020, doivent s’interroger sur leur attitude actuellement.

Le Mali avait-il besoin de chasser un président démocratiquement élu pour mieux panser ses plaies ? Au regard de ce qui est en train de se passer au Mali, l’on est en droit d’affirmer que le départ d’IBK n’était pas la solution. Depuis l’arrivée des militaires au pouvoir et la mise en place des organes de la Transition, l’on fait le triste constat que rien n’a évolué dans le bon sens.

Le Nord et le Centre du Mali continuent d’être le théâtre d’opération des groupes terroristes.  Les responsables syndicaux maliens n’ont pas senti une volonté de la part des autorités de satisfaire à leur plateforme revendicative, d’où leur appel à une grève illimitée. A ce rythme, le pays court le grand risque  de vivre une longue instabilité institutionnelle avec en toile de fond, le jeu d’intérêts géopolitiques et stratégiques de certaines puissances occidentales.

La Rédaction/Ouaganews.net

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