L’avènement du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) au pouvoir a suscité une vague de sympathie çà et là, à travers le Burkina Faso. Des partis politiques aux organisations de la société civile, chacun a pris acte ou applaudit le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba et ses frères d’armes qui ont renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, le 24 janvier 2022.
Des manifestations de soutien au MPSR ont eu lieu un peu partout, à travers le Burkina. Des T-shirts à l’effigie du nouvel homme fort ont été distribués à l’occasion. Assez éreintés par les attaques terroristes qui ont endeuillé de nombreuses familles et contraint de nombreux Burkinabè à quitter leurs villages pour trouver refuge ailleurs, bon nombre de compatriotes ont vu en cette irruption de militaires sur la scène publique, une lueur d’espoir.
Dans leurs prières quotidiennes, ils souhaitent que le MPSR en finisse une bonne fois pour toutes, avec cette sanglante parenthèse imposée par les forces du mal au Burkina et à certains de ses voisins comme le Mali et le Niger. L’on comprend aisément l’accueil favorable que des compatriotes ont réservé au MPSR. Et comme l’a souligné la junte à sa prise du pouvoir, c’est la dégradation continue de la situation sécuritaire qui a motivé son entrée en scène.
Un mois après, l’on peut constater que la flamme de cette sympathie est toujours flamboyante chez bien des Burkinabè. D’aucuns n’ont pas hésité à lancer des initiatives pour mobiliser des fonds afin de soutenir le MPSR.
Toutefois, il y a lieu de reconnaître qu’un fait, non des moindres, a suscité des interrogations voire de la circonspection chez des citoyens. La présence de l’activiste Ibrahima Maïga à la prestation de serment du lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba comme président du Faso a surpris plus d’un. Il faut s’en convaincre, il apparaît aujourd’hui comme la fausse note du MPSR.
De l’extérieur du pays, Ibrahima Maïga s’est érigé en pourfendeur du régime Kaboré. Que n’a-t-il pas publié sur sa page Facebook pour vilipender la gouvernance de l’ex-président et sa gestion de la question sécuritaire. Des injures aux informations top secret de l’armée en passant par les fake news, l’activiste a donné libre cours à son entreprise de sabotage du régime Kaboré. Il a été l’un des premiers à parler de coup d’Etat, quand les Burkinabè pensaient que c’était un mouvement d’humeur de militaires.
Quelques jours après le putsch, Ibrahima Maïga est rentré triomphalement au Burkina et accueilli dans la liesse par ses partisans. Du jour au lendemain, on le voit s’afficher comme membre du MPSR. Il y a de quoi écorcher le capital de confiance et de sympathie dont jouit la junte.
Le zèle avec lequel cet homme s’est illustré sur les réseaux sociaux, allant jusqu’à proférer des injures au président du Faso, suggère que l’on s’en méfie. Depuis le 16 février 2022, l’apparition du sieur Maïga aux côtés de la junte a laissé plus d’un dans la perplexité.
Pour sa crédibilité, le MPSR a intérêt à clarifier davantage ses rapports avec cet activiste, même s’il a déjà fait savoir qu’il n’en est pas membre, qui, au-delà de la haine qu’il vouait au régime, a montré qu’il a peu d’égard pour le pays qui l’a vu naître. N’est-ce pas ce même Maïga qui a publié sur sa page Facebook en septembre 2021, qu’il renonçait à sa nationalité burkinabè ?
Quelques temps après, toute honte bue, il regagne le Burkina, bouffi d’avoir contribué à déstabiliser un régime. Si le MPSR n’y prend garde, le cas Ibrahima Maïga sera son talon d’Achille. Et les gens n’hésiteront pas à l’exploiter pour fustiger la junte. Nul ne peut avoir la prétention d’être irréprochable, mais il ne faudrait pas qu’au nom de l’inclusion prônée par le président Damiba, l’on bafoue certains principes.
La Rédaction/OuagaNews