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« Wagner au Burkina » : de la transparence pour éviter les interprétations tendancieuses

Le président ghanéen Nana Akufo-Addo, lors de son entretien avec le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, le mercredi 14 décembre 2022, a affirmé que son voisin le Burkina Faso avait « conclu un arrangement avec le groupe paramilitaire russe Wagner ». « Le Burkina Faso a désormais conclu un arrangement pour, comme le Mali, employer des forces de Wagner.

Je crois qu’une mine dans le sud du Burkina leur a été allouée comme une forme de paiement pour leurs services », a-t-il déclaré. Omettant toute règle diplomatique et de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un pays, le chef de l’Etat ghanéen a jeté en pâture son pays voisin avec lequel il a toujours entretenu des relations empreintes d’amitié et de fraternité.  Même si l’information qu’il relayait auprès des autorités américaines était vraie, était-ce à lui de le faire ?

Les Etats-Unis étaient-ils l’endroit indiqué pour tenir de tels propos à l’intention d’un voisin qui vit une crise sécuritaire sans précédent ?  Même si l’ambassadeur du Ghana au Burkina, Boniface Gambila Adagbila a indiqué que cette sortie de son président avait pour intention de « surtout attirer l’attention des partenaires afin de susciter un grand intérêt à l’endroit du Burkina Faso », il n’en demeure pas moins que ses propos sont de nature à susciter des interrogations.

Si comme le laisse croire le diplomate ghanéen au Burkina qu’il n’y a pas péril en la demeure, il faut tout de même s’offusquer de la manière employée par Nana Akufo-Addo pour plaider en faveur du Burkina auprès des Etats-Unis. Toutefois, au-delà de la maladresse du président ghanéen, il serait plus indiqué d’employer des voies plus respectueux par les deux partis de lever le malentendu.

Le Ghana et le Burkina n’ont aucun intérêt à se regarder en chiens de faïence en ce moment précis où la solidarité doit être de mise pour affronter l’hydre terroriste qui étend ses tentacules au-delà du Sahel.

Dans un autre sens, cette sortie du chef de l’Etat ghanéen invite les autorités burkinabè à faire preuve de transparence dans la conduite des affaires publiques. On peut comprendre la nature du régime au pouvoir, mais cela ne devrait pas occulter le devoir de rendre compte aux citoyens des grandes décisions.

Le Premier ministre, Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla s’est rendu récemment en Russie sans que l’opinion n’en soit informée. Il a fallu le relais d’un média étranger pour que les Burkinabè apprennent que le chef du gouvernement a séjourné au pays des Tsars. Depuis son retour au pays, rien d’officiel n’a été entendu à propos de ce voyage ; ce qui n’est pas normal.

Ce sont des actes qui sont de nature à semer  la confusion dans les esprits et susciter des commentaires comme ceux du président Nana Akufo-Addo. C’est dire qu’une exigence de transparence s’impose aux premières autorités dans la conduite des affaires de l’Etat. En aucun cas, le contrat entre gouvernants et gouvernés ne saurait souffrir d’ambiguïté. Il y va de l’intérêt de tous.

La Rédaction/OuagaNews

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