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Capitaine Ibrahim Traoré : ne perdez pas de vue la priorité du moment !

Le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) a réglé ses contradictions internes en portant le capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir. Après trois jours de confusion où les risques d’affrontement entre frères d’armes étaient évidents, le brouillard s’est dissipé hier, 2 octobre 2022, avec la démission du lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, sous la médiation des leaders coutumiers et religieux.

Une fois de plus, la grande muette burkinabè a su faire preuve de hauteur pour éviter un affrontement fratricide. Le capitaine Ibrahim Traoré devra conduire les affaires de l’Etat, en attendant les assises nationales qui devront désigner le président de la Transition. Si l’on s’en tient à la déclaration de la junte du 30 septembre 2022, c’est parce que Damiba a trahi « l’idéal commun », à savoir la restauration de la sécurité, qui les animait le 24 janvier 2022, qu’ils l’ont déchu de ses fonctions.

« Les actions du lieutenant-colonel Damiba nous ont progressivement convaincues que ses ambitions s’écartent largement de notre idéal commun. Nous avons assisté à une restauration au forceps d’un ordre ancien par des actes de nature à remettre en cause l’indépendance de la justice et à créer des précédents graves.

Les choix hasardeux du lieutenant-colonel Damiba ont progressivement, affaibli notre système sécuritaire. Les lourdeurs administratives qui caractérisaient le régime déchu se sont aggravées sous la transition compromettant ainsi, les opérations à caractère stratégique », a déclaré le porte-parole de la junte, le capitaine Kiswendsida Farouk Azaria Sorgho.

En effet, il faut le reconnaître, bon nombre de Burkinabè qui avaient applaudi le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba aux premières heures de sa prise de pouvoir, ont vite déchanté, tant la situation sécuritaire ne s’est guère améliorée.

Au contraire, des zones qui étaient jusque-là, à l’abri de la morve terroriste vivent aujourd’hui, de plein fouet sous le diktat des truands sans foi ni loi. Même si des initiatives ont été prises ici et là, pour contrer la folie des terroristes,

Damiba a commis le péché de vouloir mettre en œuvre un agenda politique aux conséquences désastreuses. Flatté par des laudateurs opportunistes qui ne lorgnaient que leurs prébendes, Damiba a cru bien faire en faisant la sourde oreille aux interpellations de certains de ses concitoyens lucides.

Les événements du 30 septembre 2022 sont quelque part, une suite logique des errements du lieutenant-colonel Damiba. Il paie cash pour s’être laissé berner par des politiques revanchards qui avaient trouvé une belle occasion de reprendre du poil de la bête.

La sortie humiliante de Damiba sonne comme une interpellation au capitaine Traoré. Même s’il dit être là pour expédier les affaires courantes, il devra faire preuve de concentration et rester ferme sur la priorité de l’heure qui demeure la lutte contre le terrorisme. Les Burkinabè sont durement éprouvés par les attaques des groupes armés terroristes. Le pays est en train de se désarticuler dangereusement.

Le nouvel homme fort du pays devra se garder de verser dans un populisme béat et tenir à distance les aventuriers politiques qui viendront à lui proposer leurs services empoisonnés. De sa volonté à rester égal à lui-même et à engager des actions fortes contre le péril terroriste, dépendra le couronnement de son idéal de restaurer la sécurité et de reconquérir les zones sous emprise terroriste.

En décidant de la suspension des activités des partis politiques et des organisations de la société civile, le capitaine Ibrahim Traoré semble avoir cerné le piège qui a eu raison de son prédécesseur. En s’entourant de personnes intègres, conjugué à ses propres convictions, le capitaine Traoré pourrait, dans une certaine mesure, dissiper le brouillard d’incertitudes qui embrume le Burkina Faso.

Les appels tous azimuts, invitant à aller vers d’autres partenaires, s’ils sont quelque part légitimes, devraient être gérés avec beaucoup de responsabilité et de pondération. En tous les cas, il importe avant tout, aux Burkinabè de s’approprier leurs maux, de leur trouver des solutions avant de compter sur un quelconque soutien d’une tierce personne.

Un pays, même s’il a besoin de la solidarité des autres, doit d’abord, savoir compter sur ses propres capacités à prendre en main son destin. En ces moments critiques, le capitaine Traoré devra s’abstenir de tout triomphalisme flatteur et travailler en bonne intelligence avec les Burkinabè qui veulent le bien de ce pays.

Il lui faudra éviter de se laisser séduire par le confort douillet du palais de Kosyam comme lui-même l’a souligné. Sa présence au front pour galvaniser les troupes combattantes sera un gage qu’il a véritablement décidé de rompre avec les habitudes de son prédécesseur. Vivement que les bonnes intentions puissent guider les pas des nouvelles autorités pour qu’advienne un Burkina de paix, de prospérité et de bonheur. Que le retour de la paix soit la priorité des priorités.

La Rédaction/Ouaganews

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