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Elections 2020 : les politologues absents du débat

Le Burkina, dans l’espace francophone et même dans d’autres zones linguistiques régionales, s’illustre plus sur le plan politique, comme le pays qui surpasse les autres dans la contradiction du débat démocratique. On pourrait applaudir des mains ce constat qui fait partie du jeu politique. Il est l’expression de la vitalité et de la maturité démocratiques des Burkinabè.

Mais voilà ! L’arbre ne doit pas cacher la forêt. Dans la présente situation, tout semble  laisser entrevoir des failles dans l’édifice qui montreraient que la conscience politique au pays des hommes intègres n’est pas d’un niveau aussi élevé qu’on le croit. On parle pour qui ? On débat pour quelle intention ? Le niveau d’écoute des interlocuteurs étant très faible, puisqu’au moins 90%  de la population vit en zone rurale et ne se sent pas concernée par les débats politiques, on se demande alors, pourquoi tant d’efforts pour si peu de résultats, au final.

Le constat est sidérant, quand on observe des acteurs de la scène politique qui passent le temps à s’invectiver, à s’entredéchirer les uns les autres sans se rendre compte eux-mêmes que leurs parades n’ont aucun effet sur l’opinion qui, depuis longtemps, a cessé de prêter attention à leurs pantalonnades. On est fatigué de leurs jérémiades, entend-on se plaindre toutes les fois qu’on les voit occuper les espaces médiatiques.

La politique, ce n’est pas la bagarre ; hélas ! Ils sont bien peu à l’entendre de cette oreille. On s’offusque même par moments, de voir dans des lieux publics, Zéphirin Diabré et Simon Compaoré deviser gaiment, se tapant l’épaule. Il y a donc lieu de revoir l’état d’exercice de la politique, sous nos cieux, où le débat se contente de ne se focaliser seulement que sur l’action gouvernementale.

De toutes les disciplines sportives, il semble que la boxe soit non seulement un art, mais mieux qu’elle est la plus noble de toutes. Allez-y comprendre quelque- chose à cette alchimie qui allie violence, force, discipline et respect de l’adversaire. Et, paraît-il, que c’est cela qui fait tout l’intérêt de la boxe. La politique en somme, n’est pas loin de cette image qu’on se fait du noble art. On pourrait également, dans le domaine des sciences sociales, présenter la politique comme la plus noble et la plus stylée. Mais tout comme la boxe cependant, la non- observance des règles prescrites du jeu, peut transformer l’arène en une scène de boucherie et d’horreur.

La politique, telle qu’on la pratique au Burkina, manque par moments, de piquant. On reste toujours sur sa faim, parce qu’on ne met pas à la disposition du public des éléments à même de lui apporter des appréciations sur des questions qu’il connaît souvent fort mal. La faiblesse du débat politique dans notre pays est notoire, parce que ceux qui ont le savoir de la science politique ne sont pas toujours visibles sur les plateaux de télévision. L’absence et le désintérêt des intellectuels des  questions politiques ne permettent pas de hisser convenablement le niveau des débats, ce qui constitue un handicap à l’élévation de la conscience démocratique du public.

On pourrait, dans ce cas d’espèce, déplorer surtout la non-participation de personnes de ressources à la politique. Ce qu’il nous faut, ce sont des politologues, non des marchands de tapis qui passent leur temps à nous rasséréner des inepties qu’ils qualifient d’analyses politiques. Un politologue a pour vocation à l’évidence de prendre suffisamment du recul par rapport à une actualité politique et de proposer à l’opinion des pistes, sinon des réflexions qui permettent de mieux entrevoir la situation et même d’aller plus loin dans l’analyse de la question, d’approfondir le débat par l’apport d’idées neuves.

L’homme politique n’est soucieux que d’une chose : son électorat. Le seul souci du politicien est de convaincre par tous les moyens, les électeurs de voter pour lui. Tel n’est pas le cas du politologue dont la mission première est de disséquer des faits à l’intention du public par des faits précis, en lui apportant les éclaircissements sur le sujet débattu. L’analyste des questions politiques en définitive, n’a pas de parti pris. Il met sa connaissance à la disposition de qui veut la partager. L’objectif principal est de permettre à ce public en dernière analyse, de faire sa propre opinion, à travers ce qui aura retenu son attention.

Jules Ouédraogo

ouaganews.net

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