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Mali : sauver impérativement les meubles

Le colonel Assimi Goïta, vice-président de la Transition malienne, a définitivement mis hors-jeu le président Bah N’Daw. Désormais, il s’impose comme le nouvel homme fort du Mali, pour mener à son terme la Transition.

En dépit de la désapprobation internationale de ce coup de force, l’officier supérieur de l’armée malienne avance sans trop de bruit, pour convaincre le peuple malien de lui faire confiance. Déjà, le Mouvement du 5 juin, qui a été à l’origine des manifestations de 2020, qui ont débouché sur le putsch qui a mis fin au mandat du président Ibrahim Boubacar Keïta, a accepté la proposition du poste de premier ministre.

Empêtré dans des incompréhensions avec les premières autorités de la Transition, le M5 est en train de se faire une raison aujourd’hui et se trouve dans une posture de collaborer avec le colonel Goïta.

C’est dire qu’une partie de l’opinion malienne va se résoudre à accepter que les militaires du Conseil national de salut du peuple (CNSP) qui ont chassé IBK en août 2020, président aux destinées du pays jusqu’aux prochaines élections présidentielle et législatives.

Au-delà des contradictions internes entre les premiers responsables de la Transition malienne qui ont fini par éclater au grand jour, il ne faut pas perdre de vue un jeu d’intérêts entre grandes puissances, à savoir la France et la Russie, qui ont trouvé un terrain pour s’affronter. Sans être dans les secrets des dieux, dès le début du putsch du 18 août 2020, la proximité des auteurs de la Russie avait été largement évoquée.

Des officiers maliens ayant pris part au coup d’Etat avaient même séjourné au pays de Vladimir Poutine pour des stages, avant de regagner leur pays, quelques jours avant l’éviction d’IBK. Depuis l’arrestation du président Bah N’Daw et de son Premier ministre, il se susurre aussi que les deux roulaient pour la France et que le chef de l’Etat aurait partagé des informations sur un contrat d’armement avec les autorités françaises.

Autant de suppositions qui démontrent à souhait que dans cette crise que traverse le Mali, des pays extérieurs tirent les ficelles dans l’ombre pour des intérêts géostratégiques. Le Mali, englué dans une crise sécuritaire sur fond de terrorisme, de rébellion et de conflits communautaires depuis une décennie, traverse de sérieux moments d’incertitudes où la souveraineté de l’Etat est mise à rude épreuve.

Comment sortir de cette situation qui s’apparente à une sorte d’enlisement ? La réponse qui sied est que les Maliens de tous les bords, responsables politiques comme militaires, fassent prévaloir l’intérêt supérieur de la nation en ces moments de grand doute. Il est impératif de veiller à ce que les priorités du pays ne soient pas reléguées au second plan pour assouvir la volonté des puissances étrangères.

Il est vrai que Assimi Goïta se trouve présentement dans une situation délicate, au regard de la condamnation des instances régionales et internationales de cet énième putsch qui vient assombrir l’horizon. Toutefois, il faudrait se garder de tirer sur une ambulance, parce qu’il faut le reconnaître, le Mali est sérieusement déstabilisé, au plan institutionnel et sécuritaire.  Les condamnations de ce que l’on appelle un coup d’Etat répondent avant tout, à un formalisme dans les relations internationales.

Rien ne dit qu’avec l’évolution de la situation, certains ne vont pas se raviser et reconsidérer leur position de départ. En tous les cas, le Mali est dans une impasse qui impose que l’on appréhende les malentendus avec de la hauteur et un sens de la responsabilité.  Dans ce contexte sécuritaire très fragile, il serait raisonnable de ne pas ostraciser Assimi Goïta, même si ce qui se passe est aux antipodes de la démocratie.

Au-delà de flou qui règne, il y a lieu d’accompagner ce grand pays qui vit les pires épisodes de son histoire. La prudence observée par l’Union africaine dans le cas tchadien, suite à la mort du président Idriss Déby Itno, le 19 avril 2021, devrait inspirer ceux qui se pencheront sur la situation du Mali. Il y va de la survie de l’Etat malien et il serait sage d’œuvrer à sauver les meubles.

La Rédaction/Ouaganews.net

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