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Octobre 2014-octobre 2023 : 10 ans d’errance et de souffrance d’un peuple manipulé et opprimé au nom de la démocratie (Nestorine Sangaré)

Ouaganews.net vous propose un écrit de Nestorine Sangaré, sociologue du développement de son état, sur l’expérience peu reluisante de la démocratie au Burkina, de 2014 à 2023. Lisez plutôt !

La démocratie n’est pas une fin en soi. C’est juste un moyen pour organiser la bonne gouvernance d’une Nation afin de mieux garantir, défendre, servir et assurer les intérêts et droits des citoyens et répondre à leurs aspirations. Pour servir le peuple et non se servir. Au nom de la démocratie, le peuple burkinabè est en souffrance depuis 2014. 10 ans d’errance pour rien ?

D’Octobre 2014 à Octobre 2023, quels sont les acquis, les avancées, les reculs et les pertes observés dans le développement national du Burkina Faso, imputables à la démocratie ? Où en est le pays dans le processus d’instauration et de construction de la démocratie ? Examinons l’état de la démocratie prise au piège des turpitudes, impostures, égoïsmes et de la manipulation.

Que serait la démocratie burkinabè aujourd’hui si, après avoir débarqué les caciques et gourous du CDP pour les nommer comme conseillers politiques, Blaise Compaoré avait pu faire place à une nouvelle génération de leaders au sein du CDP pour asseoir une alternance à l’intérieur du méga-parti ?

Que serait la démocratie burkinabè aujourd’hui si les Caciques et gourous du CDP n’avaient pas convaincu et soutenu Blaise Compaoré pour entreprendre de modifier l’Article 37 de la Constitution et Si la France et les Etats-Unis ne lui avaient pas conseillé de rester au pouvoir pour servir de rempart contre le terrorisme au Sahel ?

Que serait la démocratie burkinabè aujourd’hui si, après avoir renoncé à modifier l’article 37, Blaise Compaoré et le CDP avaient terminé leur mandat et avaient été battus à la régulière lors des élections de 2015 par les partis l’opposition politique ? C’est ce qui se passe actuellement au Sénégal.

Que serait la démocratie burkinabè aujourd’hui si Soungalo Ouattara avait remplacé Blaise Compaoré comme président intérimaire après l’insurrection jusqu’aux élections 2015 comme le prévoyait la Constitution ?

Que serait la démocratie burkinabè aujourd’hui, si les leaders du CDP n’avaient pas été maltraités après l’insurrection et exclus des élections 2015 par la Transition de Kafando ?

Que serait la démocratie burkinabè aujourd’hui si le Coup d’Etat de Septembre 2015 avait réussi, avec le Général Gilbert Diendéré comme président jusqu’à l’organisation des élections démocratiques ?

Que serait la démocratie burkinabè aujourd’hui si les RSS avaient laissé la Transition 2015 durer plus d’un an pour déconstruire le système politique préexistant et refonder l’Etat avant d’organiser des élections comme le souhaitaient le Premier ministre Isaac Zida et ses partisans ?

Que serait la démocratie burkinabè aujourd’hui s’il n’y avait pas eu la Transmission du pouvoir entre les partis et OSC insurgés et les leaders du MPP lors des élections de novembre 2015 avec l’aide du président du Parlement ?

Que serait la démocratie burkinabè aujourd’hui si les Roch, Salif et Simon avaient renoncé au pouvoir pour promouvoir une alternance intergénérationnelle et une nouvelle élite politique Après l’insurrection pour conseiller les jeunes dirigeants ?

Que serait la démocratie burkinabè aujourd’hui si le MPP avait tenu les promesses faites au peuple en mettant en oeuvre les engagements pris dans le discours d’investiture de Roch Kaboré de juillet 2015, en déconstruisant le système politique qu’eux les caciques et piliers du CDP disaient être fondé sur le clanisme et la mauvaise gouvernance ?

Que serait la démocratie burkinabè aujourd’hui si Roch Kaboré ne s’était pas représenté après la fin de son premier mandat, marqué par la perte d’une partie du territoire national, en payant et libérant les terroristes pour pouvoir faire les élections ?

Que serait la démocratie burkinabè aujourd’hui si la chasse aux sorcières et les procès politiques n’avaient dominés le premier mandat de Roch Kaboré au détriment de la réconciliation nationale, la refondation de l’Etat, la lutte contre la corruption et la lutte contre l’insécurité ?

Que serait la démocratie burkinabè aujourd’hui si le MPRS 1 de Paul Henri Damiba n’avait pas interrompu le deuxième mandat de Roch Kaboré qui devait durer jusqu’aux élections de 2025 dans la corruption à grande échelle et l’expansion du terrorisme ?

Quel avenir pour la démocratie burkinabè si le MPRS 1 n’avait pas été renversé par les partis et mouvements politiques et l’équipe du MPSR 2 au motif que les résultats dans la lutte contre le terrorisme n’étaient pas suffisant et sur l’accusation de vouloir réinstaurer l’ancien régime ?

Quel avenir pour la démocratie burkinabè après la prise de pouvoir par le MPSR 2 de Ibrahim Traoré pour lutter contre le terrorisme et reconquérir le territoire et réinstaurer la souveraineté en rompant les liens avec les puissances impérialistes ?

Après 10 ans d’errance dans l’instabilité politique et le changement de dirigeants, le Burkina Faso a connu 6 présidents. Le peuple a vécu et subi toutes ces épisodes traumatiques marquées par la montée de la violence collective et de la culture de la mort.

Que devient le développement du pays pendant cette période de valse de présidents et d’instabilité gouvernementale permanente ? Que devient le peuple au nom duquel tous les protagonistes disent prendre le pouvoir ?

Un leadership politique qui ne vise pas à défendre les intérêts de la Nation n’est qu’une usurpation de pouvoir. Il s’agit d’une imposture politique contre la Patrie. Malheureusement, pendant longtemps, la démocratie a été réduite à sa plus simple expression, à savoir, la conquête et la gestion du pouvoir par les élites politiques en présence. Or prôner et défendre la boulimie du pouvoir des politiciens professionnels, ce n’est pas défendre la démocratie. Défendre la mascarade démocratique par la corruption électorale ce n’est pas défendre les intérêts du peuple et la patrie. Défendre la patrie, ce n’est pas défendre une personne. Tous les dirigeants passeront et la Nation demeurera toujours. Pour la patrie hier, aujourd’hui et demain.

Que Dieu éloigne à jamais les faux démocrates qui confisquent le pouvoir pour faire souffrir le peuple. Oui à la démocratie par le peuple et pour le peuple.

 Nestorine Sangaré, PhD

Experte en Sociologie du Développement

 

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