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Tanzanie : John Magufuli, le « Bulldozer » s’en est allé

Alors que la Côte d’Ivoire rendait hommage à son Premier ministre, Hamed Bakayoko, décédé brutalement le 10 mars 2021 en Allemagne, à l’âge de 56 ans, la Tanzanie vient d’être orpheline, à la surprise générale, de son président John Magufuli, décédé dans la soirée du 17 mars 2021.

« C’est avec une grande tristesse que je vous annonce qu’aujourd’hui, 17 mars 2021, à 18 heures au soir, nous avons perdu notre chef John Pombe Joseph Magufuli, décédé des suites de complications cardiaques à l’hôpital Mzena de Dar es Salaam, où il était soigné.

Il a été hospitalisé à partir du 6 mars, au centre de cardiopathie de Jakaya Kikwete, lorsqu’il a développé des complications cardiaques chroniques qui le troublent, depuis dix ans », a annoncé la vice-présidente, Samia Suluhu Hassan, à la télévision nationale tanzanienne.

En effet, depuis une dizaine de jours, de folles rumeurs circulaient à propos d’une dégradation de l’état de santé du président Magufuli. D’aucuns le disaient évacué au Kenya voisin, pour des soins, suite à des complications liées au coronavirus.

Ainsi, John Pombe Mgufuli s’en est allé à l’âge de 61 ans, alors qu’il venait d’entamer son second mandat à la tête de son pays. Elu en 2015 président de la Tanzanie avec 58% des suffrages exprimés sous la bannière de son parti, le Chamacha Mapinduzi (CCM), au pouvoir depuis l’indépendance du pays, il avait succédé à Jakaya Kikwete, le 4e président du pays.

Dès son accession au pouvoir, John Magufuli alias «tingatinga», bulldozer  en swahili, en référence aux programmes de construction qu’il a mis en place, lorsqu’il était ministre du logement, va s’investir dans une gouvernance exemplaire. Il va supprimer la célébration de la fête de l’indépendance, diviser par quatre son salaire (de 15 000 à 4 000 dollars/mois) et injecter les sommes de la fraude fiscale dans l’éducation et la santé.

Durant son premier quinquennat, il va engager une lutte farouche contre la corruption et réduire drastiquement le train de vie de l’Etat. Dans le domaine des infrastructures, de grands projets de construction sont lancés, notamment dans le secteur ferroviaire. John Magufuli s’engage également, dans la protection des espèces menacées comme les éléphants et les rhinocéros, ce qui va permettre l’augmentation de leur population, ces dernières années.

Artisan d’une gouvernance de la rupture, le défunt président n’hésitait pas à descendre dans les quartiers de la capitale, Dodoma, notamment, pour participer à des activités de salubrité publique. Dans son élan d’instaurer une autre façon de diriger son pays, il fait des mécontents, notamment dans la régulation des médias et l’embastillement d’opposants.

Certains médias occidentaux l’accusent de dérives autoritaires. Les Etats-Unis vont jusqu’à suspendre la Tanzanie du Millennium Challenge Account, pour manquement à la démocratie. Réélu en octobre 2020 avec 84% des suffrages supprimés, dans un climat de contestation, John Magufuli a débuté son second mandat dans un contexte d’incompréhensions sur sa position par rapport au coronavirus. Malgré les récriminations de certains donneurs de leçons, John Magufuli a donné l’exemple d’un dirigeant qui se souciait avant tout, de l’intérêt général.

Fustigeant les privilèges du pouvoir, il nourrissait l’ambition de sortir son pays des vautours préoccupés par leurs intérêts égoïstes. Ne craignant pas de s’attirer les foudres des grandes puissances, il a eu le courage d’entreprendre des réformes courageuses pour sortir son pays de l’ornière. Si aujourd’hui, son passage à la tête de la Tanzanie est diversement apprécié, au regard de sa façon iconoclaste de voir les choses, le temps donnera l’occasion à ses contempteurs de revoir leur jugement. Du reste, il appartient aux Tanzaniens de savoir gérer l’héritage qu’a laissé John Magufuli, pour que le pays avance dans l’unité et la prospérité.

Ahmadou Bayala

Ouaganews.net

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