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« Quand le commando qui venait me tuer m’a manqué, ils ont traumatisé ma famille » Ousséni Compaoré, témoin

Victor Zongo Naaba Sida et Ousséni Compaoré ont témoigné ce mercredi 24 novembre 2021, à la barre du tribunal militaire dans l’affaire Thomas Sankara et 12 de ses camarades. Ces deux témoins ont éclairci le tribunal sur ce qu’ils ont vécu, le jour des faits. Si le premier était dans le contreespionnage, le second était au moment des faits, le commandant de la gendarmerie.

Pour le témoin Victor Zongo Naaba Sida, qui était dans le contreespionnage, ils n’échangeaient pas d’informations avec la table d’écoute. Mais, il était bien au courant de la crise au Conseil de l’Entente, car c’est Ouédraogo Tibo Georges qui l’informait. Sur lui, il dira « j’avais des rapports particuliers avec Ouédraogo Tibo Georges. Il se confiait à moi, sinon, je n’ai jamais mis les pieds à la table d’écoute.

Il indiquera que dans le cadre du renseignement général, il a effectué en juin 1987, une mission en Côte d’Ivoire. Et c’est son commandant de l’époque, Ousséni Compaoré qui lui a remis ses frais de mission (365 000 FCFA). Et selon Ouédraogo Tibo Georges, c’est Gilbert Diendéré qui a apporté l’argent.

A Abidjan, précisera t-il,  « on était pas allés pour rencontrer l’UNITA de Jonas Savimbi de l’Angola. C’est par hasard qu’on l’a rencontrée. Là-bas, nous avons reçu l’information que Boukary Kaboré dit le Lion pourrait être à l’origine d’un coup d’État. Après le coup d’État, Ouédraogo Tibo Georges m’a dit que  ces gens-là nous ont mené en bateau ». Par rapport au groupe de Libériens qui était au Burkina Faso à l’époque, il dira qu’ils étaient à Zogona.

C’était le groupe de Charles Taylor et la hiérarchie a dit de les laisser vaquer librement à leurs occupations. Naaba Sida note aussi qu’il était au courant que Jean Pierre Palm était sur écoute. Mais, en ce moment, il n’était pas au niveau de la gendarmerie. Et cette information vient de Romuald Domba.

Il ajoutera que le jour du coup d’État, une conversation avait été interceptée. Et la cassette a été mise dans une enveloppe et remise à Sankara, dans la matinée, main à main.  Pourquoi il n’a pas réagi ? Victor Zongo dira qu’il avait dit que si c’est Blaise qui fomente un coup d’Etat contre lui, c’est imparable.

Il continuera en affirmant qu’après le coup d’État , il a échangé avec Ouédraogo Tibo Georges, qui ne comprenait pas pourquoi le président a su le coup et il a attendu. Il m’a dit que Sankara, ce n’est pas quelqu’un qui allait fuir. Au-delà du coup d’État , Victor Zongo soulignera qu’ils étaient parmi les premiers au cimetière où le président Sankara et ses camarades ont été enterrés.

Sur les tombes, leur nom était accroché sur une tige. Par rapport au complot de 20h, il affirme qu’il n’en a jamais eu vent, ni de la liste de personnes que Sankara voulait éliminer. Le tribunal militaire a confronté le témoin Victor Zongo à l’accusé Jean Pierre Palm.

En effet, le témoin affirme qu’un jour, Palm a dit que Patako, un agent du service secret, s’entretenait avec un blanc à l’hôtel Indépendance et qu’il allait envoyer l’arrêter. Et que tout le monde dans la salle a éclaté de rire. Parce que l’agent Patako était en mission en Russie. A la barre, Jean Pierre Palm a réfuté les faits.

« Un certain nombre de chefs d’Etat soutenaient le coup d’Etat de Blaise »  Ousséni Compaoré

Après avoir prêté serment de dire la vérité, rien que la vérité devant le tribunal militaire, Ousséni Compaoré a commencé son témoignage avec des informations connexes. D’abord, sa nomination comme commandant de la gendarmerie à son retour de formation. Il précisera que c’est au tarmac de l’aéroport qu’il a appris la nouvelle.

Et lorsqu’il est arrivé, il dit avoir fait l’état de la sécurité au Burkina Faso. Selon lui, la sécurité du président était assurée par le Centre national  d’entraînement commando et les autres corps venaient en complément. Au fil du temps, la rumeur selon laquelle c’est Blaise qui a fait le coup d’État et Thomas Sankara a pris le pouvoir s’amplifiait.

Et cette situation a gangréné le pouvoir politique. Pour lui, les services de sécurité ne fonctionnaient pas comme il se devait. En réalité, c’est Blaise Compaoré qui avait l’essentiel du pouvoir sécuritaire. Et Sankara le savait. Il a même dit que si Blaise veut faire un coup d’Etat, c’est imparable. Venant à son récit des faits le jour du 15 octobre 1987, il dira que lorsqu’il y a eu le premier coup de  feu, c’est sa femme qui l’a informé.

Aussitôt, il s’est mis en tenue militaire et a pris la voiture de sa femme pour partir au service. En partant, « j’ai croisé le commando qui venait de l’assassiner. Ils ne m’ont pas reconnu parce que j’étais dans le véhicule de ma femme.  Le commando venait du domicile de Blaise Compaoré ».

Continuant, il dira que c’est lorsqu’il a vu le chauffeur de Blaise, Maïga, dans le véhicule de Sankara qu’il a compris que le président n’était plus. Il s’est ensuite réfugié à Ouahigouya. Ils sont venus le chercher là-bas. Et il a passé 8 à 9 mois en détention au Conseil.

Il rassure qu’il a été bien traité. Par rapport à l’implication d’un certain nombre de chefs d’Etat qui soutenaient le coup d’Etat de Blaise Compaoré. Il confirme qu’on avait infiltré la Côte d’Ivoire, avant le 15  octobre 1987. « Nous avons eu des informations précises que le président Houphouët-Boigny avait dit à Jean Claude Kamboulé, un opposant hostile à la Révolution de Thomas Sankara, de laisser tomber pour lui, car Blaise Compaoré allait régler la situation.

Sa collaboration avec Jean Pierre Palm

Ousséni Compaoré dira lorsqu’il est arrivé à la gendarmerie, c’est Jean Pierre Palm qui assurait l’intérim. Mais, il y a eu des incidents de commandement entre lui et moi. On avait l’impression qu’il y avait deux capitaines dans un même bateau. Et il a même dit que c’est Blaise Compaoré qui l’a mis là-bas.

Il ira plus loin en disant que le fait que Palm l’a remplacé à la tête de la gendarmerie, c’était prévisible. Pour lui,  lorsque Sankara a décidé d’aller au Conseil à 15h, ils ont dû changer leur plan.  Analysant les choses,  il dira que quand on regarde les choses, tout était ficelé.

« Je ne crois pas que ce soit un hasard qu’il soit venu pour me tuer ». Il dira que lorsque Sankara n’était pas là, Blaise occupait son bureau. Et jour, il a même trouvé Sankara en train de ramasser ses effets sur son bureau et c’est lui qui a dit que Blaise occupait son bureau, quand il n’était pas.

Moussa Wandaogo/Ouaganews

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