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Burkina/Clôture du programme d’enseignement religieux à la Prison de haute sécurité de Ouagadougou : une lueur d’espoir pour la réinsertion

Ouagadougou, 14 août 2025, après sept mois d’activités soutenues, le programme de promotion de l’enseignement religieux à la Prison de haute sécurité (PHS) de Ouagadougou a officiellement pris fin ce jeudi. La cérémonie de clôture s’est tenue au sein même de l’établissement, en présence des autorités pénitentiaires, administratives, des partenaires du projet ainsi que des détenus bénéficiaires.

Au total, 46 séances ont été organisées, rassemblant en moyenne 168 détenus par séance, issus aussi bien du quartier de haute sécurité que de celui de très haute sécurité. L’initiative, pilotée par la Direction générale de l’administration pénitentiaire (DGAP), en partenariat avec l’ONG PAX et le CERFI (Cercle d’études, de recherches et de formation islamique), visait à déconstruire les interprétations erronées des textes religieux qui mènent parfois à la radicalisation.

Pour le directeur de la PHS, l’inspecteur principal Pinga Zongo, les effets de cette initiative sont déjà perceptibles. Parmi les résultats notables, plus de 80 % des participants ont exprimé des regrets par rapport à leur parcours passé, une ouverture d’esprit plus marquée, traduite par une réceptivité accrue aux nouvelles idées, un désengagement progressif du discours djihadiste, une prise de conscience du décalage entre les promesses idéologiques et la réalité violente de l’extrémisme.

Ce travail de fond, selon lui, repose sur une compréhension éclairée de la foi, ancrée dans les valeurs de paix, de tolérance et de respect mutuel, autant de principes essentiels pour espérer une réinsertion réussie.

Le programme ne s’est pas limité aux seules séances éducatives. Il s’est articulé en plusieurs étapes, échanges entre acteurs pénitentiaires et structures religieuses dès septembre 2024, élaboration de modules d’enseignement religieux dès novembre 2024, avec l’appui technique du CERFI, formation de 70 agents pénitentiaires à la prévention de la radicalisation en milieu carcéral, mise en place de deux équipes dédiées à la supervision et à l’évaluation du projet.

Cette méthodologie rigoureuse témoigne de la volonté des initiateurs de travailler dans la durée et avec une approche systémique.

L’État salue l’initiative et promet d’agir

Présent à la cérémonie au nom du ministre de la Justice, le directeur de cabinet, Bépoadi Sinini a salué l’engagement de tous les acteurs. Il a rappelé que la prévention de la radicalisation en prison passe par une évaluation fine du niveau de radicalisation de chaque détenu, accompagnée d’un travail psychologique profond.

Il a également réaffirmé que cette initiative est en phase avec la vision des plus hautes autorités, qui misent sur la réinsertion et la paix durable. En conclusion, il a promis de relayer fidèlement les doléances exprimées par les pensionnaires et les partenaires du programme.

Ce programme, au-delà de son aspect religieux, incarne un modèle de résilience et d’humanisme dans un contexte carcéral souvent perçu comme figé. Les autorités espèrent que cette expérience inspirera d’autres initiatives similaires, dans le cadre plus large de la prévention de l’extrémisme violent et de la promotion des droits humains en milieu carcéral.

Ahoua KIENDREBEOGO/OuagaNews.net

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