Profitant de l’accessibilité aux réseaux sociaux, des Burkinabè s’adonnent à des discours haineux et extrémistes à l’encontre d’autres compatriotes qui ne s’inscrivent pas dans leur logique. Pour eux, il ne faut pas émettre une opinion contraire à la leur. Leur action a suscité une réaction du gouvernement, à travers un communiqué condamnant ces agissements d’une autre époque.
« Le Gouvernement condamne fermement et sans ambiguïté de tels propos qui font le lit de l’intolérance et de la désunion. Il appelle les auteurs à se ressaisir et l’opinion publique à se démarquer de tels agissements qui compromettent la cohésion sociale et notre vivre-ensemble », précise le communiqué.
Se prenant pour de supposés soutiens au président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré, ces vuvuzelas spontanés sont en train de creuser dangereusement le lit de sérieuses incompréhensions entre les Burkinabè.
Au-delà de la condamnation de ces comportements moyenâgeux, le gouvernement doit prendre des mesures qui conviennent contre ces personnes qui ont la prétention d’imposer leurs avis étriqués aux autres. Il est de l’intérêt des premières autorités de clarifier leur position vis-à-vis de ces gens qui se réclament leurs partisans.
D’ailleurs, personne ne les empêche d’exprimer leur sympathie aux nouveaux dirigeants, mais ils doivent respecter la liberté de penser et d’opinion de leurs concitoyens. En ces moments si critiques, le Burkina n’a pas besoin de surenchère pour affronter les défis sécuritaire et humanitaire.
C’est en activant les leviers d’une réflexion féconde, pondérée et lucide que le pays saura mieux se colleter à ses problèmes. Les thuriféraires qui s’agitent dans les réseaux sociaux et dans la rue ne rendent aucunement service aux autorités de la transition, encore moins au Burkina Faso.
Prisonniers de leur ignorance patente, ils parlent de ce qu’ils ne savent pas. Le contexte qui est le nôtre exige de chacun un sens élevé de la responsabilité et du respect de l’autre. On ne bâtit une nation avec une vision sectaire, empreinte de manichéisme. Ce n’est pas sous le prisme de l’émotionnel et d’un zèle simiesque qu’on peut participer à l’effort de guerre qui est attendu de tous.
C’est dans l’union sacrée et dans un élan de communion fraternelle que les Burkinabè sauront triompher des extrémistes obscurantistes qui sèment la désolation à travers le pays. Dans la tempête, il faut savoir garder la tête froide pour ne pas être emporté par les vagues. Ceux qui profèrent des menaces à l’encontre d’autres Burkinabè, en prétendant soutenir la Transition font malheureusement fausse route.
La liberté d’expression est certes reconnue à tous, mais elle ne saurait charrier des discours qui appellent à s’en prendre à la vie et aux biens des autres. Les premières autorités doivent recadrer véritablement ceux qui clament partout qu’ils les soutiennent, alors qu’ils sont en train d’écorner de façon insidieuse, leur image.
Il est temps de siffler la fin de ces agitations aux relents nauséeux qui empestent un climat social déjà fragilisé par les exactions des groupes armés terroristes. Comme dans un passé récent, une organisation de la société civile dénommée Sauvons le Faso s’est illustrée de la pire des manières sous le prétexte qu’elle soutenait le lieutenant-colonel, Paul Henri Sandaogo Damiba.
Les responsables de cette OSC s’en sont pris violemment à d’autres OSC qui n’approuvaient pas une certaine marche des choses. Plus tard, on a vu où cet aveuglement a mené le pays. Ce mauvais exemple est encore récent et doit inspirer tout un chacun.
Le Burkina sortira de cette mauvaise passe, grâce à la lucidité des citoyens qui agissent dans la tempérance et dans le respect des autres. Pas avec des donneurs de leçons et des moralistes zélateurs engoncés dans leur impéritie qui n’appréhendent la situation qu’à travers des lorgnettes obsolètes. Nous avons tous intérêt à ce que le bon sens prévale à tous les niveaux, pour que survive notre cher Faso.
Ahmadou Bayala/OuagaNews