Dans une adresse solennelle à la nation burkinabè ce soir 12 novembre 2025, le porte-parole du KORAG, le Capitaine Farouk Azaria Sorgho a révélé qu’un vaste réseau d’agent indélicat et une série d’interpellations menées en octobre 2025 a mis en cause dix magistrats et un avocat de la Cour d’appel de Ouagadougou. Ce coup de filet fait suite à une « mascarade judiciaire » qui avait blanchi, en juillet 2024, treize agents des douanes pourtant pris en flagrant délit de corruption et de blanchiment de capitaux, allant jusqu’à révéler l’identité des dénonciateurs pour mieux les faire condamner.
Dans son troisième communiqué, le CORAG (Comité d’orientation de la Commission de régulation des dysfonctionnements) a dévoilé l’étendue des dysfonctionnements qui minent l’administration publique et le secteur privé, insistant sur le rôle destructeur de la corruption. Après avoir dénoncé ce « mal pernicieux qui gangraine notre société », le CORAG a exposé un enchaînement d’événements qui met gravement en cause l’intégrité du système judiciaire burkinabé.
L’Affaire des Douanes : corruption au service de la fraude
Selon le porte-parole du KORAG, le Capitaine Farouk Azaria Sorgho, les faits remontent à mai 2021, lorsque des dénonciations enregistrées par l’Autorité Supérieure de Contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) ont révélé que des agents des douanes exigeaient des sommes d’argent (allant de 100 000 à 150 000 francs CFA) sans quittance pour laisser passer des camions, en dépit d’un dédouanement régulier. Une enquête, ouverte à la demande de l’ASCE-LC, a permis de découvrir d’importantes sommes d’argent et des preuves matérielles irréfutables (images et vidéos) impliquant initialement deux agents (un inspecteur et un contrôleur). L’enquête a ensuite permis d’interpeller onze autres douaniers, portant le total à treize agents, tous soupçonnés des mêmes infractions de corruption et de blanchiment de capitaux.
L’ironie de l’affaire réside dans le fait que ces agents étaient en poste à la Coordination nationale de lutte contre la fraude, la structure même censée combattre ces agissements. Face au rejet initial des accusations, les mis en cause ont été confrontés à l’évidence des faits grâce aux images et vidéos les montrant en situation de flagrant délit de corruption.
Le Choc du non-lieu et la trahison des dénonciateurs
L’affaire a connu un tournant inattendu dans la sphère judiciaire. Alors que le dossier avait été versé au cabinet du juge d’instruction, et malgré les preuves évidentes et les aveux par reconnaissance des mis en cause, un non-lieu a été prononcé par le juge d’instruction en juillet 2024. Cette décision a soulevé une « interrogation majeure sur la bonne foi et la probité des juges ».
Insatisfait, le Procureur du Faso a fait appel. Mais le 27 août 2025, la Chambre d’instruction de la Cour d’appel a confirmé ce non-lieu, validant un raisonnement qui fait abstraction totale de la matérialité de l’infraction (remise et récupération de l’argent) et de la concordance des preuves vidéo. Cette confirmation, malgré les preuves flagrantes, « fragilise l’effort de lutte contre la corruption » et envoie un « signal extrêmement négatif » sur l’efficacité du pôle judiciaire spécialisé.
Pire, à l’issue de cette décision, les douaniers mis en cause sont parvenus à obtenir des juges l’identité des dénonciateurs ainsi que des pièces de procédure, éléments normalement protégés. Violant le principe sacré de la protection des dénonciateurs, l’un des douaniers a même réussi à attirer le dénonciateur devant un juge qu’il a corrompu, obtenant une « condamnation sévère » du citoyen qui avait contribué à la manifestation de la vérité.
Révélation d’un vaste réseau judiciaire
La dénonciation de la divulgation de l’identité des dénonciateurs, une faute grave, a mis en lumière de graves dysfonctionnements dans la chaîne de justice. En conséquence, une série d’interpellations et d’auditions d’acteurs de la justice a eu lieu en octobre 2025, révélant un vaste réseau d’argent indélicat à la Cour d’appel de Ouagadougou.
Dix magistrats (dont un président de chambre, un procureur général, un substitut général, un procureur du Faso, un juge d’instruction et un juge au siège) et un avocat sont désormais mis en cause. D’importantes sommes d’argent ont été engagées pour des actes de corruption et d’influence afin d’obtenir une instruction biaisée et un jugement partisan du dossier des douaniers.
Mise en garde et détermination du CORAG
Le CORAG à travers son porte-parole du KORAG, le Capitaine Farouk Azaria Sorgho a déploré que, face à cette lutte, des « médias mensongers occidentaux », notamment français, mènent une campagne de désinformation et de dénigrement en accusant les autorités burkinabè d’avoir arrêté des magistrats pour des faits antérieurs.
Le CORAG, loin de se laisser distraire, met en garde tous ceux qui se rendent coupables de corruption et tenteraient d’instrumentaliser la justice. Il affirme que les auteurs et leurs complices subiront la rigueur de la loi, sans qu’aucune faveur ne soit accordée. La lutte contre l’impunité des acteurs judiciaires sera accentuée, car, selon le communiqué, on ne saurait parler de moralisation de la vie publique en occultant celle du système judiciaire. Les sanctions disciplinaires, ainsi que les poursuites judiciaires, contre les acteurs indélicats vont se poursuivre.
Source : Netafrique

