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Egypte/Salon culturel international : les coopératives, levier d’un avenir durable

A l’occasion de la Journée internationale du Sud global, le programme « Conversations sur la solidarité globale », initié par le Réseau de solidarité globale, a organisé un salon culturel de haut niveau intitulé : « Les coopératives dans le Sud global ». Cet événement s’est inscrit dans le cadre de la proclamation du thème de l’Année internationale des coopératives 2025 par les Nations Unies, célébrée sous le slogan :« Les coopératives : la voix unie du Sud global pour un avenir durable », à Caire, en Egypte.

Le salon a accueilli en tant qu’intervenant principal le Dr Mohamed Abdel Hakim Ibrahim, président du Conseil d’administration du Réseau de l’économie sociale et coopérative au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et auteur de l’ouvrage « Les coopératives et les questions du développement ». Dans une intervention riche et stimulante, le Dr Abdel Hakim a posé une question centrale : « Pourquoi avons-nous besoin des coopératives et sous quelles formes devons-nous les envisager ? »

Il a rappelé que le développement ne peut se réduire à la seule croissance économique, mais doit aussi inclure des dimensions culturelles, sociales, intellectuelles et environnementales. Citant l’économiste Samir Amin, il a plaidé pour une humanisation de la science économique, à travers une approche centrée sur la satisfaction des besoins humains plutôt que la maximisation des profits.

Le Dr Abdel Hakim a également mis en lumière la diversité des formes que peut prendre l’économie sociale et coopérative tels que les coopératives agricoles, de travailleurs ou d’habitation, les associations à but non lucratif, et les entreprises communautaires.

Il a souligné la nécessité de réformes politiques, législatives et sociétales intégrées pour assurer le succès de ces modèles, capables, selon lui, de devenir des piliers du développement durable, de la création d’emplois et de la réduction des inégalités sociales.

Dans une perspective historique, le Dr Abdel Hakim a retracé la genèse du mouvement coopératif, né au 19e siècle comme réponse humanitaire aux dérives du capitalisme industriel européen. Face à l’exploitation des ouvriers et la dégradation des conditions de vie, les premières coopératives ont émergé en s’appuyant sur des valeurs fondatrices toujours d’actualité comme l’adhésion volontaire, la gouvernance démocratique, la participation équitable, l’éducation, autonomie, la coopération inter-coopérative, et l’engagement envers la communauté.

Il a également évoqué des expériences concrètes de coopératives agricoles en Égypte, qui ont permis une amélioration notable des conditions de vie des agriculteurs et une augmentation de leur productivité.

Le Dr Mohamed Siyaf, professeur assistant et coordinateur de l’École de solidarité du Sud global, a quant à lui mis en lumière l’impact massif des coopératives agricoles égyptiennes, qui touchent près de 12,5 millions de personnes. Il a également évoqué la diversité des coopératives dans le pays (artisanales, de consommation, etc.).

Élargissant la perspective, il a rappelé que plusieurs pays du Sud, notamment la Tanzanie dans les années 1960-70, se sont inspirés de l’expérience coopérative égyptienne dans leur lutte contre l’hégémonie coloniale et capitaliste.

Il a salué l’impulsion politique donnée par le président Abdel Fattah Al-Sissi à travers l’actualisation des lois encadrant les coopératives, insistant sur leur rôle central dans la durabilité des projets nationaux dans 23 secteurs clés.

Dans une approche novatrice, la Dr Sally Saad, experte en communication et enseignante à l’Institut Al Jazeera, a défendu l’idée de coopératives médiatiques entre pays du Sud, les qualifiant de « voix unifiée du Sud global ». Selon elle, ces structures collectives peuvent produire un contenu crédible et localement enraciné, renforcer les capacités médiatiques par la mutualisation des ressources et combattre la marginalisation des causes du Sud et l’influence des agendas extérieurs.

Elle a mis en avant le modèle du Réseau des journalistes africains pour le climat (ACJN) comme une illustration concrète de coopération régionale réussie, en appelant à reprendre le contrôle du récit médiatique à l’échelle internationale.

Le fondateur du Réseau de solidarité globale, le chercheur Hassan Ghazaly, a clôturé la session en rappelant que cette initiative s’appuie sur un travail cumulatif depuis 2012, visant à renforcer l’esprit de travail collectif et à ancrer les valeurs de solidarité à travers divers projets dont les plus marquants sont le modèle de simulation de l’Union africaine, afromedia, le projet Bozoor pour la culture populaire, l’école de la solidarité du Sud global, le campagne sur l’Accord de libre-échange africain, le projet de solidarité des peuples du Nil, et le programme Conversations de solidarité mondiale.

L’événement a été marqué par une forte participation du public, avec des questions variées et des partages d’expériences venus notamment de Chine. La rencontre s’est achevée sur une note solennelle par une cérémonie d’hommage au Dr Mohamed Abdel Hakim Ibrahim, suivie d’une photo de groupe commémorative.

Ce salon culturel a offert un espace stratégique de réflexion, d’échange et de mobilisation, autour d’un modèle économique solidaire, ancré dans les réalités du Sud global.
Il a également ouvert la voie à de nouvelles formes de coopération Sud-Sud, plaçant l’humain, la communauté et la durabilité au cœur du développement de demain.

Ahoua KIENDREBEOGO/OuagaNews.net

 

 

 

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