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Elections présidentielle et législatives : « l’ensemble du processus a été fortement émaillé de fraudes » (Opposition)

Le samedi 21 novembre dernier, la conférence des candidats signataires de l’accord politique de Ouagadougou a tenu une conférence de presse, au cours de laquelle elle a exprimé des préoccupations sur les conditions d’organisation des élections couplées présidentielle et législatives.

Ces  présidentielle et législatives se sont tenues le 22 novembre 2020 ; comme prévu par le décret de convocation du corps électoral.

La conférence des candidats salue les FDS qui ont permis de sécuriser le processus électoral et le territoire national.

Malgré ses multiples mises en garde contre toute proclamation précipitée des résultats, ce lundi 23 novembre, peu après 13 heures, la CENI a commencé à annoncer les résultats de l’élection présidentielle, sur lesquels elle se réserve de se prononcer ultérieurement.

En revanche, elle se prononce d’ores et déjà, sur l’organisation générale des scrutins, et à ce propos, elle exprime toute sa consternation quant à la manière dont ces organisations ont été organisées.

Contrairement aux dispositions du Code électoral qui prévoient une compilation manuelle des résultats au niveau des centres communaux de compilation (CCCR), la CENI a procédé à l’annonce de  résultats largement favorables à la majorité sortante, sans avoir procédé à cette compilation manuelle.

De manière générale, tous les observateurs sont unanimes à dire que la CENI a failli dans l’organisation administrative et pratique des élections du 22 novembre 2020, toute chose qui l’amène à émettre de très fortes réserves sur la sincérité et la crédibilité des résultats.

Entre autres faits constatés, elle relève :

  • la modification, à la dernière minute, et de manière informelle, du nombre et de la cartographie des bureaux de vote retenus pour les élections. Il est avéré que des bureaux de vote prévus pour être ouverts sont restés fermés, alors que d’autres bureaux qui ne devraient pas être ouverts, pour raison d’insécurité, ont été ouverts à la dernière minute sans une concertation préalable des acteurs politiques et sans le quitus du Conseil constitutionnel comme il se devait.

Or, la loi électorale prévoit en effet, que tout changement à ce propos soit soumis préalablement au Conseil constitutionnel, ce qui n’a pas été le cas. L’opposition n’a tout naturellement donc pas pu participer à la surveillance des activités électorales dans ces bureaux de vote. Seule la CENI peut expliquer le pourquoi de ces changements. Tout cela a empêché de nombreux Burkinabè d’exercer leur droit civique.

  • L’ouverture tardive et même la non-ouverture de plusieurs dizaines de bureaux sur l’ensemble du territoire national. Un bureau a ainsi, pu ouvrir seulement à 17 heures à Ouaga pour fermer à 18 heures. Des  milliers d’électeurs ont été ainsi, empêchés d’accomplir leur devoir citoyen.
  • Des électeurs détenteurs de cartes d’électeur ont été refoulés dans des bureaux de vote, du fait de l’absence de leur nom sur les listes imprimées.
  • L’absence ou le retard dans l’acheminement du matériel dont entre autres, le procès-verbal qui constitue un document essentiel de vote dans des bureaux de vote de plusieurs localités  Or, l’acheminement de ces matériels devait avoir lieu, plusieurs jours à l’avance pour être vérifié minutieusement.
  • Les erreurs d’adresse dans l’acheminement des bulletins et du matériel de vote dans plusieurs localités ont entraîné des confusions et des retards qui n’ont pas permis à de nombreux électeurs d’exercer leur droit citoyen.
  • Le transport non sécurisé d’urnes sur des motos, ce qui peut être une source de fraude dans le processus de compilation.
  • Le non-affichage des listes des électeurs devant les bureaux de vote comme cela est prescrit par les textes.
  • Le non-paraphe systématique des bulletins de vote par le président et un membre du bureau comme cela est prescrit par la loi électorale.
  • La non-prise en charge des représentants des partis politiques dans les bureaux de vote, contrairement aux dispositions de la loi électorale. Cela a occasionné des défections avec les conséquences que l’on sait.
  • L’ensemble du processus a été fortement émaillé de fraudes

Le caractère massif de ces irrégularités et insuffisances interpelle tous les acteurs habitués à un processus électoral mieux élaboré.

De ce qui précède, il est constant que la CENI n’a pas été à la hauteur de la mission de bonne organisation des élections qui est à sa charge, toute chose qui a été relevé expressément par plusieurs observateurs internationaux.

Cette mauvaise organisation comporte deux conséquences majeures :

  • elle pénalise les candidats de l’opposition, le pouvoir ayant toujours la possibilité de se réajuster par rapport à la situation.
  • Elle jette un discrédit sur les résultats des scrutins dont la CENI a commencé l’annonce.

En tout état de cause, les signataires de l’accord politique de l’opposition n’accepteront pas des résultats entachés d’irrégularités et qui ne reflètent pas la volonté du peuple burkinabé.

Fait à Ouagadougou, le 23 novembre 2020

Candidats signataires de l’Accord politique de l’opposition

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