La 8e édition du Championnat d’Afrique des nations (CHAN 2024 décalé pour 2025, du 2 au 30 août), co-organisé par le Kénya, la Tanzanie et l’Ouganda bat son plein. Les matchs des quatre groupes ont livré leur verdict, huit pays sont en quarts de finale. Ça sera sans les Etalons du Burkina. Le coach Issa Balboné et ses poulains, n’auront pas réussi à exorciser le signe indien, quatre CHAN, quatre éliminations précoces, nous essaierons de rechercher les causes de ces contre-performances. Réflexion.
Le Championnat d’Afrique des nations (CHAN) ou si vous voulez la CAN des joueurs domestiques ou locaux pour certains, est une trouvaille de la CAF pour valoriser les joueurs évoluant au pays, et subséquemment le niveau des différents championnats. Et la CAF a bien fait les choses, toutes les zones géographiques du continent sont représentées au CHAN. Le moins que l’on puisse dire est que cette compétition ne réussit pas aux Etalons A’. Quatre participations, quatre éliminations dès le premier tour, la cuvée 2024 n’a pas fait l’exception.
Le Burkina était dans un groupe composé de la Tanzanie pays hôte, de la Mauritanie, de Madagascar et de la Centrafrique, les Etalons ont concédé trois défaites une victoire, très insuffisante pour être parmi les deux premiers pour se qualifier pour le second tour.
Dans le groupe des Etalons, ce sont les Staifa stars de la Tanzanie (10 points) et les Barea de Madagascar (7pts) qui sont qualifiés. Qu’est-ce qui n’a pas encore marché ? Tirons froidement les raisons, et ne cherchons pas des boucs émissaires comme c’est souvent le cas en pareille circonstance. Et parlant de bouc émissaire, on incrimine l’entraîneur, c’est le fusible tout trouvé.
D’aucuns diront qu’il n’a pas fait une bonne sélection, que sa sélection était laxiste, etc. Voir les contre-performances récurrentes des Etalons au CHAN de cette manière, c’est éviter les raisons profondes, et cela ne nous mènera nulle part. Notre championnat est au juste de quelle catégorie : amateur, semi professionnel, professionnel ?
Il n’est pas professionnel, là on ne discute pas. Et même s’il n’est pas amateur, il est loin d’être semi professionnel, parce que là, il devrait y avoir un minimum de cahier des charges à remplir pour les clubs et qui doit instituer les conditions, la fédération de football bien sûr, c’est son rôle.
Un club de première division qui va commencer le championnat avec zéro franc dans sa caisse, c’est impensable, alors que chaque mois il faut payer les joueurs, assurer le fonctionnement du club, c’est la débrouillardise, donc bonjour les impayés. Alors qu’un joueur doit être libéré de tout souci afin de s’adonner à son sport favori, et pouvoir mettre en exergue tout son talent.
Nous sommes convaincus qu’il y a de la matière, seulement cette matière attend d’être dans de bonnes conditions pour se faire valoir. Notre championnat n’est pas compétitif, et il faut le dire tout net, la contre-performance des Etalons au CHAN, n’est que le prolongement de ce que nos clubs eux-mêmes produisent aux compétitions inter-clubs d’Afrique.
La responsabilité des autorités en charge des sports est engagée, il est impensable qu’au 21e siècle, en 2025, des matchs de première division se jouent toujours sur terrain nu, la qualité des infrastructures est très importante.
La structure fédérale aussi n’aide pas suffisamment les clubs, la subvention de saison est de quinze millions de francs pour chaque club de D1, et le champion burkinabè de la saison reçoit douze millions cinq cent mille francs, vous avez bien lu 12 500 000 F CFA. Face aux difficultés des clubs, le ministère en charge des sports avait cru bon d’allouer exceptionnellement une bourse aux clubs, laquelle bourse les soulageait un tant soit peu, mais sa gestion a créé des tensions entre les clubs et la précédente fédération.
Cette dernière reçoit les bourses et les reverse aux clubs. L’année dernière, le championnat national a dû être suspendu trois mois à cause des humeurs des clubs. A cause de ces problèmes, le ministère continue-t-il à servir les bourses ? De source sûre, il continue à les servir, mais avec de nouvelles conditionnalités. Si nous voulons que notre championnat national soit d’un bon niveau et compétitif sur l’échiquier africain, il y a beaucoup de choses à revoir, il faudra une réforme en profondeur au niveau du management des clubs. La compétitivité a un prix.
Barthélemy KABORE
OUAGANEWS.NET