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Grève à l’ONATEL-SA : le SYNATEL dénonce une gestion chaotique du DG au détriment du Burkina

Déclaration du Syndicat national des télécommunications (SYNATEL) sur la situation de crise à l’ONATEL

Le 17 novembre 2022, une crise sociale a éclaté entre les travailleurs de l’ONATEL-SA et la direction générale de l’entreprise. Cette crise est consécutive au refus du directeur général de se pencher sur les préoccupations des travailleurs contenues dans la plateforme revendicative issue du congrès du SYNATEL tenu en 2021.

Les préoccupations soulevées par les travailleurs sont liées à l’absence d’un véritable dialogue social au sein de l’entreprise mais aussi à des questions liées aux intérêts du pays.

En ce qui concerne la préservation des intérêts du Burkina Faso, nous avons maintes fois dénoncé le non-respect du contrat de cession. Ces dénonciations ont  toujours été faites auprès des autorités de notre pays et ce depuis plus de dix ans. On peut citer entre autres l’insuffisance de l’investissement en vue du développement du réseau, ce qui se traduit par un retard dans la progression de l’entreprise, la quasi absence de recrutements en violation des quotas fixées au moment de la privatisation.

Au niveau de la gestion, il y a des décisions qui plombent l’entreprise dans son développement et qui compromettent son avenir. Pire, certaines décisions entrainent des manques à gagner pour l’Etat, pour ONATEL-SA, pour les entreprises fournisseurs burkinabè, en somme pour l’économie burkinabè.

On peut citer entre autres le déroutage du trafic (les communications) international qui passe désormais en grande partie par le Maroc, les frais dus par ONATEL-SA à Maroc Télécom pour l’utilisation de la Marque Moov Africa qui a coûté à ONATEL-SA près de deux milliards de francs CFA en 2021, les fournisseurs burkinabè qui sont souvent exclus des appels d’offres au profit de fournisseurs étrangers dont une forte majorité de fournisseurs marocains.

Il y a également une discrimination dans le traitement des factures fournisseurs : les factures des fournisseurs burkinabè sont payées en retard par rapport à celles des fournisseurs étrangers. Si un fournisseur burkinabè veut être payé dans les mêmes délais qu’un étranger, il lui est fait obligation de céder un pourcentage sur sa facture.

Un point important qu’il faut signaler est que la Direction Générale est dans une dynamique de vendre le patrimoine (les terrains et les bâtiments) de l’entreprise. Nous avions interpelé les autorités sur la question, mais un terrain a déjà pu être vendu clandestinement.

Pour revenir sur le dialogue social, il convient de noter qu’il est infructueux et le conflit est quasi permanent du fait d’un refus constant de la Direction Générale de se pencher sérieusement sur les préoccupations des travailleurs. Cette dernière crise dans laquelle nous sommes, est née d’un manque de volonté du Directeur Général d’apporter des réponses à la plateforme revendicative du SYNATEL

La crise a pris un tournant le 29 décembre 2022 lorsque le Directeur Général a décidé de faire intervenir la police sur les lieux de travail. Cette intervention a visé à accompagner le Directeur Général et le DAF dans leurs bureaux qu’ils avaient désertés au début de la crise. Le lendemain 30 décembre 2022, les forces de l’ordre ont empêché certains travailleurs notamment des délégués syndicaux et des délégués du personnel de rejoindre leurs bureaux.

Elles se sont permise d’arracher les banderoles et affiches que les travailleurs ont posées. Le siège du syndicat a été bouclé par la police empêchant les responsables syndicaux d’y avoir accès, ceci en violation flagrante des lois en vigueur. Lorsque les travailleurs ont voulu avancer en groupe pour rejoindre leurs bureaux, ils ont été gazés et pourchassés.

Des explosifs ont été lancés à quelques centimètres des cuves de carburant, faisant courir les risques d’incendies au cœur du bâtiment abritant les équipements techniques les plus sensibles de l’entreprise.

Des femmes ont été blessées certaines ayant dû être rapidement évacuées pour être prises en charge afin d’éviter le pire. D’autres femmes ont été systématiquement violentées. Des camarades ont reçu des goupilles directement sur le corps.

Tout cela pour permettre à deux individus, le Directeur Général et le DAF, dont la gestion est chaotique, défaillante, hasardeuse et nuisible pour les intérêts de notre pays, de continuer à narguer les travailleurs et le peuple burkinabè.

Face à cette situation gravissime, le SYNATEL prend à témoin l’opinion publique sur les dérives de gestion à ONATEL-SA, et une volonté manifeste du Directeur Général d’instaurer une dictature dans l’entreprise. Pour le SYNATEL, il est inconcevable que pour deux personnes, les autorités puissent mobiliser huit (08) cargos de nos FDS qui ont fort à faire pour la défense de la patrie en danger.

Le SYNATEL condamne sans réserve cette répression féroce, barbare et totalement injustifiée. Il rend le Directeur Général responsable de l’aggravation de la crise suite à la militarisation de l’espace de travail avec comme conséquences des blessés enregistrés.

Il appelle tous les démocrates et progressistes de notre pays à soutenir la lutte des travailleurs de ONATEL-SA et à interpeller les autorités de notre pays sur la nécessité de veiller à la défense des intérêts du pays et des consommateurs.

Non à la violation du contrat de concession !

Non au mépris des travailleurs et des fournisseurs burkinabè !

Non à la répression des travailleurs en lutte pour la défense de leurs droits et des intérêts du pays !

Non à la re-colonisation de notre pays à travers les multinationales !

Pour le Bureau national

 Le secrétaire général     

Soulémane So

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