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Burkina [Opinion] : « je ne crois pas au mythe du leader unique… » Nestorine Sangaré

Dans cet écrit que nous vous proposons, Dr Nestorine Sangaré, experte en sociologie du développement, sur sa page Facebook évoque les épreuves du pouvoir, notamment celles des présidents burkinabè. Lisez plutôt .

Je ne crois pas au mythe du leader unique. Car, le jour où il disparaît ou quitte son poste, tout ce qu’il a construit s’écroule avec lui et se détruit. Tout vrai leader doit engendrer ou s’entourer d’autres leaders capables de le soutenir dans sa vision, prendre la relève et poursuivre son œuvre pour atteindre les objectifs collectifs visés à court, moyen et long terme. J’admire Poutine sur ce plan.

Il n’y a pas plus malheureux qu’un leader unique et mal entouré. Ses courtisans et collaborateurs détruisent chaque jour ce qu’il essaie de construire en s’appropriant son pouvoir pour faire leurs affaires. Ils compromettent ainsi les résultats de ses projets. Telle la vermine, tous les présidents burkinabè ont connu des supporteurs griots, collaborateurs malhonnêtes qui les ont mal conseillés et utilisés pour leurs propres intérêts. Régime après régime, ils entourent et utilisent les noms des décideurs pour racketter d’autres citoyens et construire leurs empires économiques et financiers. D’où la célèbre formule de Barro Djanguinaba qui disait que c’est le « derrière » du président le problème.

Le malheur du président IB comme de ses prédécesseurs, c’est d’avoir des affairistes notoires et des adeptes de la grande corruption dans les couloirs et les postes clés. Une nouvelle classe de jeunes entrepreneurs politiques a vu le jour et d’autres se sont juste reconvertis en abandonnant leurs mentors politiques d’hier. Ils aiment le trafic d’influence et font croire qu’ils sont dans le secret des dieux pour impressionner leurs victimes.

La lutte contre le terrorisme économique ne fait que commencer avec la loi et le dispositif de dénonciation des actes de corruption. La lutte sera très âpre car les mauvaises habitudes sont si ancrées et transmises de génération en génération. Beaucoup ne veulent pas travailler et gagner l’argent à la sueur de leur front. Ils vivent de combines, de délation, de calomnie, d’extorsion et de corruption.

Et les jeunes élites supportrices actuelles risquent de faire pire que leurs parents sans un changement de mentalité. Beaucoup de jeunes n’aiment pas le travail, encore moins celui qui est bien fait. C’est seulement le partage équitable de l’argent qui les préoccupe. Il faut un nettoyage en profondeur des « fameux bons petits », partisans de la courte échelle et du paraître.

Ils vivent d’escroquerie et d’intermédiation payante avec les autorités et décideurs, éloignant ainsi les gouvernants des gouvernés, et alimentant la frustration populaire. Quand une nouvelle équipe de gouvernants arrive, ces jeunes se repositionnent toujours en faisant des allégeances opportunistes. Avec pour seule rengaine « On va faire comment ? Il faut bien qu’on ait à manger ». Avant de manger, il faut travailler. Le moment est venu de réapprendre aux jeunes à travailler et de remettre tous les citoyens au travail afin que tous gagnent dignement leur vie.

Un leader mal entouré souffre beaucoup et est très malheureux. Quoi qu’il fasse, il sera le mouton du sacrifice à cause des mauvaises actions de la faune des affairistes et jaloux qui l’entourent. Et ce sont les mêmes qui causent les chutes des leaders pour pouvoir les remplacer et continuer de manger. Tranquilos ! Chacun invente les monstres qui le bouffent. Savoir s’entourer de gens intègres et vertueux et préparer la relève dans la gestion de l’Etat reste un défi crucial pour les présidents burkinabè. Chacun à son tour, l’apprend à ses dépens.

Dr Nestorine Sangaré/Compaoré

Experte en Sociologie du Développement

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