L’ASCE vient de publier son rapport d’activités 2023 qui fait ressortir ses conclusions sur son audit du contrôle de gestion de la CAMEG (Centrale d’achat des médicaments essentiels génériques) sur la période 2017 à 2023. Cet audit a relevé des cas d’irrégularités dans le domaine des marchés publics, de la gestion des stocks, de la gestion financière et de la gestion du personnel et du fonctionnement du Conseil d’administration.
Non-respect de la réglementation nationale des marchés publics
Au niveau de la gestion des marchés publics, l’ASCE a relevé que les commandes publiques de la CAMEG se font dans le non-respect des procédures relatives à la passation et à l’exécution des marchés publics auxquelles elle est soumise. Ainsi, des marchés de plusieurs milliards francs CFA ont été passés sans garanties dont le rôle crucial est d’assurer la bonne exécution des contrats et protéger les intérêts de la centrale d’achat. De plus, des avances non prévues dans des contrats ont été accordées à des fournisseurs sans aucune garantie bancaire. C’est le cas par exemple de l’avance de 5,2 milliards francs CFA, soit 60% du montant initial du marché accordé au fournisseur Lachifarma dont le contrat a été résilié après plus de 4 mois de retard. Par ailleurs, la contractualisation des prestations de service des transits n’ont pas été fait conformément aux prescriptions du manuel de procédure de la centrale, ce qui présente de forts risques de malversations et de fraude.
11,4 milliards francs CFA de produits périmés entre 2017 et 2022
La persistance du non-respect des bonnes pratiques en matière de gestion de stocks a entrainé des ruptures fréquentes et des désagréments pour la centrale et ses clients. Le contrôle a constaté que les produits périmés des années 2017 à 2022 s’élèvent à 11,4 milliards francs CFA. En outre, le contrôle a révèlé également le mauvais stockage des déchets pharmaceutiques et le non-respect de la règlementation et des procédures relatives à la destruction des déchets pharmaceutiques et de leur transport non sécurisé.
Pertes de produits, cambriolage, vols et collusions avec les clients
Dans la sécurité des locaux, le déficit de contrôle interne au niveau de la centrale a entrainé des cas de perte de produits, de cambriolage des magasins et des vols des produits pharmaceutiques ordinaires de la CAMEG et ceux de ses partenaires. La mission de contrôle a constaté aussi des cas de collusions de certains agents de la centrale avec des clients pour une sortie frauduleuse des médicaments et de consommables médicaux. Cette situation a eu pour conséquence la mauvaise évaluation du coût des pertes après les incendies qui ont détruits une partie des stocks dont le montant précédemment évalué à 12,9 milliards francs CFA été par la suite ramené à 10,9 milliards francs CFA. Par ailleurs, les produits de la CAMEG se retrouvent sur le marché non officiel des produits pharmaceutiques.
Prise de décisions importants sans débat en Conseil d’administration
Au niveau de la gestion financière, la mission a constaté la non liquidation de pénalités de retard d’un montant de 6,8 milliards francs CFA et le paiement des pénalités de retard d’un montant cumulé de 94,0 millions de francs CFA. La mission a relevé que des créances de la CAMEG échues et non réglées au 31 août 2023 par les structures sanitaires publiques s’élèvent à plus de 17,2 milliards francs CFA.
La mission a relevé que la mise en place de certains outils de gestion de ressources humaines mal compris par les agents suscite des craintes de sanction a créé des sources de tension qui a contribué considérablement à dégrader le climat de travail au sein de la centrale.
Sur le fonctionnement du Conseil d’Administration (CA), la mission a constaté en particulier que certaines grandes décisions importantes pour la survie de la structure ont été traités en consultation à domicile sans débats entre les administrateurs en conseil. Ce sont notamment les 2 prélèvements sur la réserve spéciale de 1 milliards francs CFA et de 3 milliards francs CFA et le prolongement du contrat de travail de la DG et de son salaire. De même, le renouvellement du contrat de la DG a été fait au cours d’un CA extraordinaire.
Wandaogo Moussa/Ouaganews