OUAGANEWS
A la UneEducation

Burkina : l’UGEB et l’ANEB dénoncent des exclusions massives programmées des étudiants des universités publiques (Déclaration)

NON AUX EXCLUSIONS MASSIVES PROGRAMMEES DES ETUDIANTS DES UNIVERSITES PUBLIQUES !

 Les universités publiques du Burkina Faso sont dans leur grande majorité plongées dans des retards des années académiques dont le nombre d’années varie d’une université à une autre et d’une UFR à une autre. A l’Université Joseph KI-ZERBO, les retards vont de deux (02) mois à trois (03) ans en fonction des différents départements et promotions.

A l’UFR/LAC par exemple, la promotion de Lettres Modernes Bac 2018 n’a pas encore composé la deuxième session du semestre 6, soit six (06) ans sans la licence. Pour rappel, cette promotion a effectué sa rentrée en décembre 2018, dans un contexte de chevauchements très aggravés. En plus des retards, nous assistons également aux chevauchements des années académiques qui sont les résultats de l’application mécanique du système LMD sans réunir le minimum de conditions.

En rappel, ces réformes sont imposées par les institutions du Bretton Woods comme la Banque mondiale et le FMI. Pour certains départements dans les UFR, nous avons trois promotions dans le même niveau d’études (c’est le cas en Philosophie à l’UFR/SH où cohabitent les promotions de 2023, 2022 et 2021 en première année).

Vu l’échec patent de l’application de ce système, et par manque de courage politique de le suspendre, les autorités ministérielles et universitaires s’entêtent en opérant des réformes comme le nouveau régime général des études. L’application au forceps de ce nouveau régime général des études durcit et aggrave les conditions de passage des étudiants en année supérieure. Nous assistons souvent à des taux d’échec massifs.

À titre d’exemple, en SJP, promotion Bac 2022, à l’issue de la délibération des résultats des deux sessions publiés le 21 juin 2024, nous avons noté 219 admis sur 2.691 en S1, soit un taux de succès de 08,13% et 396 sur 2.546 en S2 avec un taux de succès de 15,55%.

De mémoire d’étudiant, nombreuses initiatives et mesures ont été prises par le passé par les autorités, soi-disant pour tenter de résoudre le problème des retards académiques, mais le constat demeure le même et les retards et chevauchements sont devenus banals surtout dans les cycles des licences. L’objectif principal de ces réformes, qui est de chasser massivement les étudiants des universités publiques pour les rendre élitistes est loin d’être atteint.

Tous les gouvernements depuis 1994, s’y sont essayés, mais sans grands résultats. Ils ont plutôt abouti à une aggravation de la situation à travers les retards académiques et les chevauchements des années académiques. Le pouvoir du MPSR 2 veut profiter de la transition pour faire plaisir au FMI et à la Banque mondiale en réussissant là où les autres pouvoirs ont échoué, c’est-à-dire en chassant massivement les étudiants des universités publiques pour les transformer en universités polytechniques.

Pour y arriver, un plan opérationnel de résorption des retards académiques est concocté et doit être mis en œuvre en quatre (04) mois, avant fin septembre 2024. Pour cela, « une dérogation spéciale à la limitation des heures supplémentaires est accordée aux enseignants-chercheurs de l’UJKZ pour l’année universitaire 2023-2024 ».

Les étudiants devront donc prendre les cours tous les jours, du matin à la nuit. Puis une autre « dérogation spéciale est accordée aux enseignants-chercheurs, aux fins de valider les modules après un taux d’exécution de 75%. Cette même dérogation est accordée aux chefs de départements pour appliquer cette mesure de 75% pour les filières caractérisées par un grand retard ». Ainsi, le module de 12 heures est validé en 09 heures et à l’échelle d’une filière, 75% en moyenne des enseignements est suffisant à valider une année académique.

Enfin, une diligence est faite dans les enseignements, évaluations, corrections des copies et des délibérations. Ce qui veut dire la mise en place de jurys spéciaux de correction, l’adoption d’un chronogramme démentiel des évaluations pour les étudiants et les délibérations sur campus Faso. Ce qui laisse libre cours aux erreurs grossières de cette plate-forme au détriment des étudiants. Pour tout embellir, les étudiants et enseignants sont appelés à céder leurs vacances pour l’application de ce plan opérationnel.

Camarades étudiantes et étudiants, comme vous pouvez le constater, il s’agit d’une part, du bâclage de notre formation et d’autre part, nous serons soumis à une pression inhumaine des enseignements et des évaluations pour finir tout simplement, par échouer et être chassés de l’université. On dira toujours que l’étudiant n’a pas réussi à ses examens. Mais, dans quelles conditions ?

Camarades étudiantes et étudiants, ces conditions d’études ne nous donnent aucun choix que la lutte pour de meilleures conditions de vie et d’étude.

Le Comité exécutif de l’ANEB/Ouaga appelle l’ensemble des étudiants à se mobiliser massivement en son sein, à la vigilance et au discernement, car notre avenir est en jeu. Il appelle également les étudiants à boycotter massivement les comités de suivi qui sont mis en place dans les différentes UFR qui n’ont d’autre objectif que de semer la division entre les étudiants et aussi des enseignants pour ne pas se rendre complices de cette forfaiture.

Il est aussi impératif d’identifier et de dénoncer les délégués-fantoches de promotion qui se sont transformés en porte-voix de l’administration, au prix de quelques largesses pour convaincre leurs camarades à accepter ces mesures cyniques contre les étudiants. Il invite les étudiants à résister et à se tenir prêts à répondre à tout mot d’ordre que l’évolution de la situation nous imposerait.

Non au bâclage de notre formation !

Seule la lutte organisée paie !

Pain et Liberté pour le Peuple

Le Comité Exécutif

Ouagadougou le 22 juillet 2024

Articles similaires

Burkina/Perturbations des cours : « les auteurs répondront devant la justice » (Gouvernement)

Ouaganews

[Tribune] Burkina Faso/Terrorisme : et si Human Rights Watch mettait à profit son expertise d’enquête pour détecter les cachettes des criminels ou encore ceux qui les appuient

Ouaganews

#Burkina/Situation nationale : aucune autorité n’est sous la protection de l’armée française (Ambassade de France)

Ouaganews

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.