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Centrafrique/Présidentielle : l’intransigeance patriotique de Touadéra

Alors que la Centrafrique vibre au rythme de la campagne électorale pour la présidentielle du 27 décembre 2020, comme un oiseau de mauvais augure, un groupe hétéroclite, dénommé Mouvement patriotique pour la Centrafrique (MPC) s’est formé au Nord du pays.

Constitué de rebelles de la Seleka, des anti-balaka  et des 3R (Retour, réclamation, réhabilitation), le MPC ne veut pas de la tenue d’élections. Les membres du groupe ont même entamé une offensive sur Bangui, menaçant de renverser le pouvoir en place. Nostalgiques du désastre de la guerre civile dans lequel ils avaient plongé la Centrafrique en 2013, les responsables de ce mouvement politico-militaire veulent s’imposer par la violence et la désolation.

A la menace brandie, le président sortant et candidat à sa propre succession, Faustin Archange Touadéra, est resté imperturbable et intransigeant, en soutenant que la présidentielle aura bel et bien lieu à la date indiquée. « L’autorité nationale des élections et la Cour constitutionnelle ont assuré que les élections vont se tenir dans le temps. C’est à travers la démocratie que notre pays pourra se développer. Pourquoi prendre les armes contre tes compatriotes ? J’appelle les jeunes à être vigilants. Soyez prudents », a déclaré le président centrafricain.

Derrière le MPC, ils sont nombreux à soupçonner l’ancien chef de l’Etat, François Bozizé. Ce dernier ayant mal digéré l’invalidation de sa candidature à l’élection présidentielle voudrait user de tous les moyens, même les pires, pour éviter sa tenue. Si cela est vérifié qu’il est derrière ce qui est clairement une tentative de déstabilisation du pouvoir à Bangui, l’on se demande ce que cet homme de 74 ans veut réellement pour son pays.

Après avoir passé dix ans à la tête de la Centrafrique, sans véritablement rassembler ses compatriotes, il fut chassé en 2013, par les rebelles de la Séléka. Après un long exil qui l’a amené à séjourner dans plusieurs pays africains, le président Touadéra avait concédé à le laisser regagner le bercail, en décembre 2019. Un retour facilité par la recherche de la paix dans ce pays fragilisé par une instabilité chronique. Mais, c’était sans compter avec la boulimie de François Bozizé du pouvoir.

Flatté par ses thuriféraires, il a cru bon de se faire investir par son parti, le Kwa na Kwa, pour aller de nouveau à la conquête du fauteuil présidentiel. Sa candidature invalidée, l’ancien président (2003-2013) avait donné l’impression d’avoir accepté le verdict de la Cour constitutionnelle. Au fond, cette fausse attitude républicaine cachait mal son amertume d’être non partant à la présidentielle.

C’est pourquoi, en bon habitué des coups fourrés, il a vite fait de recourir aux milices hétéroclites qui écument la partie Nord du pays pour entraver la réussite du processus électoral. Piqué par le virus des prétendus indispensables, François Bozizé pense mordicus que sans lui, la Centrafrique est un pays voué au chaos. Au lieu de consacrer ses vieux jours à accompagner les autorités de son pays à œuvrer au retour de la paix, il se lance dans une aventure périlleuse dont le seul objectif est de lui permettre d’occuper son fauteuil perdu en 2013. Habitué aux délices du pouvoir, il ne s’en voit pas priver. Donc, tous les moyens sont bons pour y parvenir.

Face à cette indélicatesse et ingratitude notoire de l’ancien chef de l’Etat, il n’est pas à son premier coup, le président Touadéra a su donner une réplique digne d’un chef d’Etat. En décidant de maintenir l’élection, alors que les armes crépitent aux portes de Bangui, il a non seulement infligé une défaite psychologique au MPC, mais il a engrangé des points auprès de l’électorat, en cette période cruciale.  C’est cette fermeté qu’il faudra afficher, si toutefois il venait à être réélu face à ceux qui veulent prospérer dans le désordre en Centrafrique.

Le peuple centrafricain a trop souffert de l’incurie de ses dirigeants. Il est temps de mettre fin aux longues années d’incertitude dans ce pays qui dispose de ressources nécessaires à son développement socioéconomique. Faustin Archange Touadéra mérite le soutien de ses pairs africains, pour que triomphe la démocratie. L’Union africaine a un grand rôle à jouer, aux côtés du président centrafricain, afin que l’élection présidentielle puisse se tenir dans la transparence et la quiétude. Jouer les pompiers après la tempête ne servira à rien.

Ahmadou Bayala

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