Les démissions en cascade de militants de l’ex-parti au pouvoir, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), deux mois à peine, après la survenue du coup d’Etat du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) suscitent des réactions des plus controversées au sein de l’opinion nationale. Certains s’étonnent que ceux qui étaient aux côtés du président Roch Marc Christian Kaboré, hier, l’abandonnent à son triste sort, à ces moments difficiles.
Ils estiment qu’ils auraient pu se mobiliser pour la libération du président déchu en résidence surveillée, avant d’aller voir ailleurs. D’autres ont littéralement banalisé ces démissions, en les rangeant au compte du pathétique jeu politique qui consiste à ne pas s’embarrasser de scrupules, quand les intérêts sont menacés.
Il faut aller chercher l’herbe verte vers d’autres horizons, pendant qu’il est temps, estiment-ils. Quoi qu’on en dise, ces manières pas très catholiques d’agir sur la scène publique sont un mauvais exemple pour la vitalité et la crédibilité de la démocratie burkinabè. La qualité des hommes qui animent l’échiquier politique laisse simplement à désirer.
L’engagement politique ne saurait se résumer à une valse éhontée d’hommes bassement mus par leurs intérêts immédiats et leurs calculs malsains. Le peuple ne saurait être l’éternel dindon de la farce auquel l’on fait miroiter des idéaux nobles sous le vernis d’ambitions personnelles.
Prisonniers de leur ego aveugle, ils se comportent comme de piètres girouettes ballotées au gré des odeurs alléchantes et se moquent éperdument de ceux qui ont eu la naïveté d’avoir fondé leurs espoirs en eux. Dénués de toute exigence morale, ils sont convaincus qu’ils agissent selon une logique dont ils sont les seuls à cerner. Ceux qui sont scandalisés par ces agissements de gens obnubilés par des ambitions égoïstes, devraient comprendre que ces aventuriers sont très loin d’incarner l’idéal politique.
Au Burkina comme un peu partout ailleurs, des hommes ont forcé l’admiration à travers leur engagement politique exemplaire. Ces derniers sont cités comme des références idéales de la politique au service de la communauté. Thomas Sankara, au-delà de ses erreurs qu’il a lui-même reconnues, a porté les rêves d’un Burkina libre, indépendant et enraciné dans ses propres réalités. 35 ans après sa mort, ses idéaux et son engagement au service des plus faibles continuent d’inspirer des millions d’âmes, à travers le monde.
Nelson Mandela, l’une des figures majeures du siècle, a fait preuve d’un engagement politique inédit. Devenu une icône mondiale de son vivant, il est de loin la personnalité la plus citée comme une source d’inspiration, au regard de la noblesse de son engagement politique. Patrice Lumumba, par son courage politique, a porté les rêves d’un Congo-Kinshasa (RDC) libre et indépendant jusqu’au sacrifice suprême.
L’ex-président ghanéen, Jerry John Rawlings a, avec force conviction, tracé les sillons d’une gouvernance vertueuse dans son pays, qui est devenu, aujourd’hui, un îlot de stabilité. Récemment, l’ancien président américain, Barack Obama, en dépit de ses erreurs, a suscité des vocations politiques à travers son engagement. Les exemples de leaders politiques qui ont su véritablement s’approprier les aspirations profondes de leurs peuples sont légion, à travers le monde.
Les acrobaties de saltimbanques ne devraient donc, pas être une raison de se détourner de la politique. L’engagement politique est un idéal qui vise à faire communauté avec les autres dans la perspective de donner sens à l’existence humaine.
La Rédaction/OuagaNews