Il y a de cela un mois que le Conseil national pour le salut du peuple (CNSP) mettait fin au régime d’Ibrahim Boubacar Keïta au Mali en le poussant à la démission. La transition promise par la junte militaire qui doit conduire à l’organisation d’élections tarde à voir le jour.
La CEDEAO qui a suspendu le Mali de ses instances, au lendemain du putsch maintient toujours ses sanctions. Comme condition de la levée des sanctions, l’institution sous-régionale exige la mise en place de la Transition dirigée par un civil.
Mais les militaires au pouvoir ne semblent pas entendre l’injonction de la CEDEAO, ce qui fait retarder l’instauration de ladite transition. De leur retour du mini-sommet de la CEDEAO, tenu à Accra, le 15 septembre dernier, la junte a animé une conférence de presse au cours de laquelle elle a affiché son intention de prendre les rênes de la transition. Voulant ménager la CEDEAO dont les sanctions commencent à se faire sentir, le porte-parole a laissé entendre que le CNSP n’est pas campé sur ses positions.
« Toutes les options sont sur la table, la position de la CEDEAO est intégrée. Il y a des compromis à faire, il y a des sacrifices à faire », a indiqué le porte-parole de la junte malienne, le colonel-major Ismaël Wagué. Si un principe d’accord sur la durée de la transition qui devrait être de18 mois est acquis, la pomme de discorde reste la tête du pouvoir. Dans ce bras de fer à fleurets mouchetés entre la junte malienne et la CEDEAO sur la désignation du leader de la transition, les conséquences pour le pays sont inestimables.
Il n’est un secret pour personne que la situation sécuritaire dans le Centre et le Nord du Mali est très dégradée. Même si les Forces armées maliennes et la force française Barkhane continuent de traquer les terroristes sur le terrain, le vide constitutionnel renforce les groupes terroristes dans leur ambition d’étendre leurs tentacules au reste du pays.
La junte a fait savoir sa volonté de prendre en compte les aspirations de toutes les composantes sociales maliennes, en convoquant des pourparlers qui ont débouché sur une feuille de route pour une transition inclusive. Laquelle permettrait de réformer les institutions de la république, afin que le pays puisse retrouver une certaine stabilité.
Cette bonne intention devrait être maintenue dans la désignation du président transitionnel. L’on peut comprendre l’attitude des militaires de ne pas vouloir rester en marge, au regard de l’incurie de la classe politique qui a fait le lit de toutes les instabilités. Toutefois, le CNSP doit tenir compte de l’impératif temps, en procédant à des concessions utiles. Les institutions de la république doivent reprendre dans de meilleurs délais, au risque d’aiguiser l’appétit des groupes terroristes.
De son côté, la CEDEAO devrait se garder de vouloir vaille que vaille, que la junte se plie, hic et nunc, à ses décisions. L’important consiste à trouver le remède idéal au grand malade qu’est le Mali. L’on sait combien l’insécurité dans ce pays coûte à la sous-région, en termes de recul en matière de lutte contre la pauvreté. Mardi prochain, le médiateur de la CEDEAO, l’ancien président nigérian, Goodluck Jonthan, sera de nouveau à Bamako pour rencontrer les responsables de la junte. L’on ose espérer que de cette énième rencontre, un compromis salvateur sera trouvé. Il faut impérativement, sortir le Mali de ce qui a des allures d’une impasse.
Ahmadou Bayala