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Procès Thomas Sankara : au-delà du verdict

Six mois après son ouverture, le procès Thomas Sankara et douze de ses compagnons d’infortune a connu son épilogue hier mercredi 6 avril 2022. Les principaux accusés, Blaise Compaoré, Gilbert Diendiéré et Hyacinthe Kafando ont écopé de la prison à la perpétuité.

Tous trois ont été reconnus coupables des faits d’attentat à la sûreté de l’Etat et de complicité d’assassinat à la majorité absolue. Même si toutes les vérités n’ont pas été dites sur les contours du coup d’Etat du 15 octobre 1987, ce procès a au moins eu l’avantage de nous édifier sur bien des aspects.

En analysant de près ce qui a été entendu au cours de ce procès, l’on voit clairement que ce sont les ambitions personnelles des différents acteurs de la Révolution d’août 83 qui ont eu raison de Thomas Sankara et de ses douze compagnons, et de l’idéal d’émancipation qu’il portait pour son pays.

Thomas Sankara, en dépit de tout ce que l’on pouvait lui reprocher, a été un patriote hors pair, exceptionnel. Il a profondément aimé son pays et a cru que ses fils et filles pouvaient s’unir comme un seul homme, le transformer qualitativement pour le bonheur de tous.

Pour Sankara, l’intelligence n’est pas le privilège d’une couleur, elle est simplement humaine. De ce fait, dans son entendement, les Burkinabè, les Africains avaient toutes les possibilités entre leurs mains pour exercer leur intelligence à l’avènement d’une Afrique digne et prospère.

Pour le père de la Révolution burkinabè, le leadership devrait tirer sa légitimité par la capacité à porter les aspirations profondes des peuples. Avec force conviction, il s’était évertué à convaincre son peuple que ce que les autres ont été capables de faire de grandiose chez eux n’était pas impossible, au plan national.

Pour Thomas Sankara, la seule ambition qui méritait d’être poursuivie était celle de lutter pour la dignité de son peuple. Mais pourquoi la Révolution a été écourtée de façon tragique, un certain 15 octobre 1987 ? Sans nul doute, c’est la divergence des intérêts des acteurs de premier plan qui aura été la cause principale.

Au nom de leurs propres ambitions et de leurs prétentions arrivistes, ils ont littéralement décidé de liquider Sankara sans autre forme de procès. Prisonniers de leur ego démesuré, ils ont cru bon de se débarrasser de lui pour savourer délices enivrants du pouvoir dont il les privait.

Sur l’autel des petits calculs et d’une vision étriquée, les auteurs du coup d’Etat de 1987 ont mis fin à la vie d’un homme qui avait pour seule ambition de mener une vie utile au service de tous. Après avoir pris les rênes du pays, ils ont pris un plaisir malsain à s’adonner à une entreprise de démolition de l’œuvre de Thomas Sankara.

Tout a été manigancé pour l’effacer des esprits Mais que nenni ! Sankara est resté vivant dans la mémoire de bon nombre de ses compatriotes et à travers le monde. Dans la fièvre de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, au-delà de la modification de l’article 37 qui mobilisait le peuple, il y avait au fond cette soif de justice pour l’icône du panafricanisme. Au final, qu’ont gagné ceux qui se sont empressés de tuer Sankara ?

Certes, ils ont pu assouvir leurs ambitions aveuglantes, ils ont pu faire la pluie et le beau temps, mais qu’ont-ils fait de mieux que Sankara pour le Burkina ?  Sur fond d’intrigues et de basses manœuvres, le pays a été dirigé comme une propriété de clans où l’impunité et l’injustice étaient devenues une sorte de banalité jusqu’à un certain 30 octobre 2014.

Le fantôme de Sankara est venu les chasser comme des truands. Dans l’indignité, ils ont pris la poudre d’escampette loin du pays sur lequel il avait droit de vie et de mort sur qui ils voulaient. S’ils avaient été des patriotes convaincus comme Sankara, le Burkina se porterait mieux qu’il ne l’est aujourd’hui.

Le pays des Hommes intègres balbutie encore sur le chemin de la démocratie. Au nom des mêmes appétits gargantuesques des délices du pouvoir, le pays a du mal à faire bon ménage avec la stabilité politique et institutionnelle. Ce procès nous aura donné la leçon que chacun paiera pour ses compromissions ici-bas, quel que soit le temps que cela mettra.

C’est un signal pour ceux et celles qui, sous le signe de l’engagement politique et social, masquent leurs ambitions pour abuser du peuple qu’ils paieront tôt ou tard, leurs turpitudes.

Le Burkina et partant, l’Afrique, disposent de tous les potentialités pour asseoir une gouvernance vertueuse au service d’un développement inclusif et partagé. Mais à cause d’un leadership moyenâgeux, le pays peine à libérer son vrai génie. La justice qui vient d’être rendue à Sankara et aux autres victimes devrait inspirer les aventuriers politiques et autres à faire leur examen de conscience et à se raviser.

La Rédaction/OuagaNews

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