Suite à un article publié au Journal le Monde intitulé « Au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, le président énigmatique qui défie la France », la sociologue-enseignante, Nestorine Sangaré a donné son opinion sur sa page Facebook, dont nous vous proposons l’intégralité.
Ainsi donc, les terroristes qui tuent les civils et FDS du Burkina Faso depuis 7 ans, ne défient pas la France. Ce serait plutôt le président IB qui défie la France en osant diversifier les partenariats avec la Russie, la Turquie et la Corée du Nord pour pouvoir acheter les armes et défendre son pays. Le Burkina Faso est loin de la France, à des milliers de kilomètres. Ce sont deux pays souverains avec des gouvernants à leur tête. En quoi les choix légitimes et autonomes de politiques sécuritaires du Burkina Faso affectent la France ou dérangent son président Macron ? Est-ce que le Burkina Faso n’est plus libre de choisir ses pays amis pour coopérer ou faire des affaires sans l’accord de la France? Notre pays doit-il se laisser éradiquer de la carte du monde pour faire plaisir à Macron? Sommes-nous devenus de maudits prisonniers incapables de choisir ce qui nous convient comme nation?
Grâce au journal le Monde, tous les Burkinabè savent maintenant qu’est-ce qui est important pour la France dans sa relation bilatérale vicieuse et raciste avec notre pays. Que tout le peuple burkinabè soit décimé par les terroristes surarmés n’est pas un problème prioritaire pour la France. Depuis 7 ans, le plus important pour Macron est que les présidents burkinabè restent soumis aux ordres de Paris pour laisser aux terroristes sus-cités, recrutés, formés et armés, la possibilité d’attaquer et d’occuper tout le pays. Pourquoi ? Avec cette publication honteuse du journal, caisse de résonnance de l’Elysée, même les Burkinabè les plus ignorants sont maintenant édifiés. Depuis 7 ans, les témoignages et preuves existent que les autorités françaises empêchent celles du Burkina Faso d’acheter les armes pour défendre leur pays. Aucun citoyen burkinabè ne devait mourir à cause de cette injonction insensée, encore moins des dizaines de milliers. On dirait une mauvaise blague ou un film d’horreur.
Cela m’inspire une seule question : pourquoi les autorités françaises détestent tant le peuple burkinabè au point de vouloir son éradication par des hordes terroristes? De quel droit et pour quels intérêts Macron et sa bande d’affairistes continuent-ils d’agir ainsi, malgré les milliers de morts et les millions de déplacés internes au Burkina Faso? Nous avons assez enduré et supporté cette humiliation injuste. Au nom du droit international des peuples à disposer d’eux-mêmes, le gouvernement burkinabè doit déposer des plaintes contre la France et ses alliés inconnus auprès de toutes les instances juridiques requises (CPI, ONU, etc).
En effet, il suffit de lire les déclarations de Macron, président de cette même France, à la conférence de Vilnius (en cours) sur la sécurité de l’Ukraine pour comprendre jusqu’à quel point la France abuse de notre pays. Sur la scène internationale, elle utilise un double langage et une hypocrisie tellement évidente qui doivent pousser nos autorités à des actions concrètes plus fortes. Il suffit d’analyser le discours politique de la France sur la sécurité de l’Ukraine et du Burkina Faso pour avoir toutes les preuves de sa mauvaise foi à l’égard de notre pays. Pendant ce temps, les autres pays membres de l’UE, présents au Burkina Faso, gardent le silence absolu et laissent faire la France. Aucun pays partenaire n’ose critiquer ouvertement ceux qui financent le terrorisme au Burkina Faso. Est-ce une complicité de non-assistance à un peuple en danger ?
Pour toutes ces raisons, tout le narratif et la réthorique sur les causes du terrorisme au Burkina Faso doivent être remis en question. Les causes sont liées à la privatisation de la recolonisation par les Etats occidentaux en collusion avec l’alliance transnationale du business international après l’échec de la mondialisation. Ce ne sont donc pas des Burkinabè qui attaquent le pays, mais plutôt une alliance hétéroclite de mercenaires. Elle est composée des acteurs du crime organisé dans la bande sahélienne, des mercenaires arabes venant de Syrie, Afghanistan, Libye, maghrébins, appuyés par des supplétifs nationaux endoctrinés ou criminels.
En Europe, les pays de l’OTAN financent, donnent des armes et envoient des soldats et mercenaires à l’Ukraine pour combattre la Russie. Au Burkina Faso, ce sont certains de ces pays qui financent et arment des mercenaires pour mener un terrorisme transnational contre un peuple pacifique, en tentant vainement d’inciter à la guerre civile. Le moment est venu de faire une analyse lucide de la situation pour tirer toutes les conséquences qui s’imposent. Dans les relations entre les nations, la raison du plus fort n’est pas toujours la meilleure. Un peuple uni est invincible.
Nestorine Sangaré
NB : Le titre est de la Rédaction/Ouaganews