Le conseil des ministres du 25 mai 2022 a relevé de ses fonctions, le Directeur général (DG) de la Banque agricole du Faso (BADF) avec effet immédiat, suite à des informations persistantes de graves manquements dans la gestion. L’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de Lutte contre la corruption (ASCE-LC) a commis une société d’expertise comptable de réaliser un audit de la gestion de cette banque dont certaines conclusions ressortent dans son rapport annuel général d’activités 2022. L’audit a fait ressortir des irrégularités sur le recrutement, les primes et les gratifications, la gestion des prêts et le paiement de prestataires.
Des proches parents recrutés et prêts accordés de façon irrégulière
Sur le recrutement, certains administrateurs de la banque ont embauché leurs proches parents. S’agissant de l’octroi des prêts, les irrégularités se situent à 3 niveaux. Certains administrateurs se sont faits irrégulièrement octroyés des prêts qui devaient être normalement soumis à l’approbation du Conseil d’administration de la banque. Le DG et le directeur général adjoint se sont aussi octroyé des prêts d’un montant estimé à plus de 180 millions de francs CFA dont certains ont été sans convention de crédit. Enfin, l’octroi de prêts au personnel a été à des montants supérieurs à ce qui est autorisé. En effet, le dépassement total au-delà de ce qui est autorisé est d’environ 326,719 millions de francs CFA.
Primes et gratifications irrégulières accordées
Concernant les primes et gratifications, selon l’audit, elles ont été irrégulièrement octroyées et sans base légale, selon l’ASCE. Sur la période de mai 2018 à mai 2022, la BADF a versé en termes de primes de gratification, de motivation et d’encouragement, d’ancienneté, de treizième et quatorzième mois, un montant total de 978,210 millions de francs CFA.
Conflits d’intérêt dans l’octroi des crédits aux clients
Des prêts ont été accordés à une certaine clientèle au mépris des normes prudentielles bancaires. En effet, l’audit a révélé 8 « gros clients » dont les opérations de crédits comportent des irrégularités qui pourraient cacher des conflits d’intérêt de certains dirigeants de la banque dans les entreprises bénéficiaires. En effet, certains engagements octroyés présentaient avant même que les crédits ne soient mis en place, un risque élevé de non-remboursement. Pour ces crédits, et à leur échéance de remboursement, pour éviter qu’ils ne soient déclassés en impayés, certains responsables de la banque ont procédé irrégulièrement au rallongement de l’échéance de remboursement donnant ainsi, l’illusion que ces crédits sont sains.
Paiement de prestataires sans service rendu à la banque
Selon l’audit, 5 personnes dites « apporteurs d’affaires » ont été rémunérées pour des affaires qu’elles n’ont pas apportées à la BADF pour un montant de 378 millions de francs CFA. Il faut entendre par « apporteur d’affaire », une personne qui apporte des sommes d’argent pour les placer à la banque pour une durée plus ou longue, afin de permettre à la banque de constituer et de consolider sa structure financière. La banque doit alors rémunérer ces personnes sur la base d’un contrat et suivant un barème.
Wandaogo Moussa/OuagaNews.net