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Burkina/Drame de Banlo : le comble de l’intolérance

Cette fois-ci, ce n’est pas une attaque terroriste qui suscite l’émoi le plus consternant au Burkina. C’est le lynchage cruel de trois agents du Centre de contrôle des véhicules automobiles (CCVA) impliqués dans un accident de la circulation qui bouleverse les consciences.

En provenance de Gaoua, chef-lieu de la région du Sud-Ouest, le 27 août 2021, où ils s’étaient rendus pour une passation de service, leur véhicule a accidentellement causé la mort d’un garçon âgé d’une dizaine d’années dans le village de Banlo.

L’accident aussitôt produit, le véhicule a été détruit et les trois occupants ont été lynchés avec une barbarie inouïe. Sans retenue aucune, les auteurs présumés de ce crime odieux ont libéré leur émotion primaire et sans autre forme de procès, ont commis l’irréparable. De la définition la plus simple d’un accident, il s’agit d’« un évènement, généralement non souhaité, aléatoire et fortuit, qui apparaît ponctuellement dans l’espace et dans le temps, à la suite d’une ou plusieurs cause(s), et qui entraîne des dommages aux personnes, biens ou à l’environnement ».

A la lecture de cette définition, l’on peut bien se demander ce qui a pu bien pousser les présumés auteurs de ce triple meurtre à agir ainsi. Un accident n’est pas le fruit d’une préméditation. Ce drame qui émeut plus d’un est indigne de notre pays où la tolérance a toujours été une valeur prônée.  Qu’est-ce que l’assassinat des occupants du véhicule apporte de plus si ce n’est la désolation ?

Cette tragédie surréaliste rappelle combien l’intolérance et le manque de retenue peuvent être préjudiciables à notre vivre-ensemble. Ce n’est pas la première fois que des gens ont saccagé des engins impliqués dans des accidents de la circulation au Burkina Faso. Le drame de Banlo vient rappeler combien le pays est en train de glisser sur une pente dangereuse.

L’irréparable qui vient d’être commis mérite que l’on s’y attarde pour tirer des leçons pour l’avenir. Il est inadmissible que de tels agissements se produisent dans un Etat de droit. La vindicte populaire n’a jamais été une voie idéale pour résoudre les problèmes.

Les auteurs présumés de ce lynchage doivent être recherchés et punis à la hauteur de leur forfait. Leur cas doit servir d’exemple à d’autres personnes qui seraient tentés de poser de tels actes ignobles. Quelles que soient les circonstances de l’accident qui a ôté la vie à l’enfant, l’on ne pouvait pas s’adonner à une telle sauvagerie digne d’une autre époque.

Comment ce délire de vengeance irraisonnée peut-il enivrer des gens au point de perpétrer un tel crime ? Les trois agents du CCVA n’avaient aucune intention de donner la mort au garçonnet. Prisonniers de leurs certitudes dépassées, les présumés auteurs de ce drame ont fait pire en croyant rendre justice au petit Kambou Sami Ambroise.

Notre révolte face à cette barbarie interpelle chacun de nous à faire preuve de retenue, en toutes circonstances. Elle nous invite également à avoir de la pondération, non seulement dans nos prises de position, mais aussi dans nos actes. Le pire n’est jamais loin, quand on cède facilement à l’instinct.

Ahmadou Bayala/Ouaganews

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