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« Gilbert Diendéré m’a dit : on est attaqués, prenez les carrefours de Kaya et Fada N’Gourma » Sawadogo Wendyélé

Le tribunal militaire a entendu 8 témoins, ce mardi 7 décembre 2021, dans le cadre du procès Thomas Sankara et ses 12 compagnons dont Issouf Pengwendé Sawadogo, sergent-chef à l’époque des faits qui travaillait au secrétariat du CNR,  Alexis Zongo, chef de la section Brigade d’intervention rapide au Conseil, Jean Bapio Bationo adjudant-chef et Sawadogo Wendyélé, adjudant-chef du détachement de la BIA au Conseil de l’entente.

Le 27e témoin sur les 111 dans le procès Thomas Sankara, Issouf Pengwendé Sawadogo s’est présenté à la barre pour donner au tribunal militaire sa version de l’assassinat du président Thomas Sankara et de ses 12 compagnons. Travaillant au secrétariat du CNR au Conseil de l’entente, Issouf Pengwendé Sawadogo note que ce jour-là, était un jour de sport.

Il est arrivé vers 15h au bureau. Et il a trouvé sur place l’adjudant Saba Christophe qui arrangeait les sièges. Il a voulu l’aider, mais il lui a dit ça va. Il est entré dans son bureau et le téléphone a commencé à sonner. Quand il a voulu décrocher, il y a eu des rafales à la fenêtre.

Il a pu sortir dans le couloir barré par un véhicule. Il a vu le président Thomas Sankara. « On est sortis ensemble, haut les mains. J’ai vu Nadié N’soni tirer sur la tête du président Thomas Sankara et Maïga Amidou Paté, sur son thorax. Au moment où Maïga a pris le PA du président Sankara, je suis allé derrière le secrétariat quand Hyacinthe Kafando arrivait.

Je suis tombé sur une fourmilière et j’ai croisé Gouem Abdoulaye qui se plaignait. Je lui ai dit de se calmer ».  Ensuite, il a tenté de lever la tête et a reçu un caillou sur la tête et des rafales de Nacoulma Wempasba. Et Elysée Yamba Ilboudo et Ouédraogo Nabonswendé l’ont conduit dans la chambre de Hyacinthe Kafando. « Quand je suis entré, j’ai vu un crâne humain avec de la cendre et au-dessus un oeuf cassé.

J’ai crié et j’ai commencé à avoir des vertiges. J’ai dit que je voulais aller au secrétariat prendre un document et Otis m’a donné un coup de poing au ventre. Ils nous enfermés dans une salle. Et le lendemain, quand on nous a libérés, j’ai vu Hyacinthe Kafando et il m’a dit  » pourquoi tu me regardes, tu as vu, on a tué Sankara, je vais dire à mes petits de te faire ».

Issouf Pengwendé Sawadogo a raconté aussi au tribunal qu’il avait 7 millions F CFA pour les dépenses du secrétariat du CNR que les assaillants ont emportés.

« Le lieutenant Gilbert Diendéré m’a dit de prendre les engins et de boucler les sorties » Alexis Zongo

Alexis Zongo n’est pas un témoin oculaire. Mais au moment des faits, il était le chef de la Brigade d’intervention rapide. Le 15 octobre 1987, il était en formation. Il note que c’est après les tirs qu’il est arrivé au Conseil. En rentrant, il a croisé le lieutenant Gilbert Diendéré.

Il lui a demandé ce qui s’est passé. Et il a répondu : c’est comme ça, en montrant les corps. Il dit qu’il est allé voir les corps. Et au retour, il a demandé au lieutenant Gilbert Diendéré, la conduite à tenir. Il m’a dit de prendre les engins et de boucler les sorties. J’ai appelé mon adjoint Ouattara Ali  pour lui transmettre la mission et lui dire de se positionner à Tanghin barrage.

« J’ai apporté deux Talkie-walkie aux éléments du CNEC en provenance de Pô » Bationo Jean Bapio

Selon Bationo Jean Bapio, le 15 octobre 1987, il était de permanence à l’infirmerie pour le cours d’instruction à l’armement.  » J’ai vu qu’ils avaient commencé à démonter les armes à la permanence. Je suis allé regarder la télé. C’est de là-bas que j’ai entendu les coups de feu.

Je croyais que les hommes avaient fini et essayaient les armes. Il y a eu d’autres tirs et j’ai pris ma trousse et suis allé à l’infirmerie. De là-bas, je me suis éclipsé et j’ai vu un motocycliste qui m’a déposé à l’église de Dapoya.

Je suis rentré me changer  et je suis revenu au camp, j’étais à la permanence, quand le major Hubert Bassolé est venu garer un véhicule et m’a dit de monter. Et c’est dans la voiture qu’il m’a dit qu’ils vont me déposer à la sortie de Pô pour que j’attende les éléments du CNEC pour leur remettre deux Talkie-walkie et leur dire qu’ils devraient entrés par l’entrée de l’ENAM. Je les ai attendus et effectivement, ils sont arrivés et j’ai remis les Talkie-walkie au chef de mission. Ensuite le major est venu me chercher.

J’ai informé le lieutenant Gilbert Diendéré, avant d’envoyer le gardien de l’ENAM Yonaba dire à Boukary Kaboré le Lion que la rébellion n’était pas possible »  Sawadogo Wendyélé

Sawadogo Wendyélé était le chef du détachement de la Brigade d’intervention aéroportée au Conseil. Lui et ses hommes étaient dans la cour de l’ENAM. Il indique que le 15 octobre 1987 dans l’après-midi il s’est rendu au génie militaire au camp Sangoulé Lamizana pour demander une Benne.

C’est pendant qu’il était là-bas qu’il a entendu des tirs.  » J’ai donc appelé le lieutenant Gilbert Diendéré. « Golf, ici Bougoum, j’ai entendu des coups de feu ». Il m’a dit, on est attaqués, prenez les carrefours de Kaya et Fada N’Gourma ». Il dit qu’il est revenu sur sa moto qu’il avait garée au niveau du Ministère des ressources animales et  a longé les couloirs jusqu’au Conseil.

C’est le lendemain matin à la radio, qu’il a appris que le président Sankara est mort. Après dira-t-il, j’ai informé le lieutenant Gilbert Diendéré que j’allais envoyer quelqu’un dire à Boukary Kaboré le Lion de revenir sur sa décision de se battre jusqu’à sa dernière cartouche. J’ai envoyé le gardien de l’ENAM Yonaba, mais il a été refoulé par le Lion.

Wandaogo Moussa/Ouaganews

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