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Ouganda : vers une succession dynastique

Le président ougandais, Yuweri Museveni, qui totalise 36 ans au pouvoir est en train de préparer lentement, mais sûrement sa succession. L’annonce du départ de l’armée de son fils, le général Muhoozi Kainerugaba, le 8 mars 2022, n’est pas anodine. « Après 28 ans de service dans ma glorieuse armée, la plus grande armée du monde, je suis heureux d’annoncer ma retraite », a déclaré l’intéressé sur son compte Twitter.

Agé de 48 ans et après avoir passé près de trois décennies dans l’armée ougandaise où il aura gravi tous les échelons, Muhoozi Kainerugaba retourne à la vie civile.

Au fond, cette décision cache mal une ambition plus grande qu’un grade de général : celle de diriger un jour, l’Ouganda, à l’instar de son père. Comme les fils d’autres chefs d’Etat africains, Ali Bongo au Gabon, Faure Gnassingbé au Togo ou encore Mahamat Idris Déby Itno au Tchad, qui ont succédé à leurs pères-présidents, Muhoozi Kainerugaba nourrit aussi le secret désir de succéder à son père à la tête de l’Ouganda. Son père Yuweri Museveni, après avoir sauté le verrou de la limitation d’âge pour la présidentielle en 2018, s’est octroyé un sixième mandat en 2021, à l’issue d’une élection controversée.

Ereinté par une longévité au pouvoir et croulant sous le poids de l’âge (78 ans), Yuweri Museveni entend voir son fils lui succéder, au terme de son mandat. Pour lui, le pouvoir doit se transmettre de père en fils. Pas question de voir un autre Ougandais à la tête du pays si ce n’est un membre de sa famille. Comme quoi la boulimie du pouvoir est contagieuse. Ainsi va la démocratie dans bon nombre de pays africains. On s’installe au pouvoir, on assoit son autorité dans la durée et on prépare un membre de sa famille ou un proche à occuper la place plus tard.

Cette dévolution monarchique du pouvoir se construit sur fond de népotisme, de favoritisme, de clientélisme, le tout sous-tendu par des considérations ethniques et régionalistes. Ainsi va la démocratie africaine ! Quand ce n’est pas un coup d’Etat qui vient chasser un président démocratiquement élu, c’est le président lui-même qui prépare sa succession. A juste raison ! Puisqu’après qu’on a dirigé dans l’injustice et l’impunité, il faut impérativement se protéger une fois qu’on aura quitté le confort enivrant du palais. Pour que d’indélicats juges ou autres citoyens attachés aux idéaux de la justice et de la bonne gouvernance ne fassent du zèle en voulant réveiller des dossiers encombrants ; il faut bien se mettre à l’abri.

La décision de Museveni fils de quitter l’armée ougandaise au sein de laquelle il jouissait de tous les privilèges, a été savamment mûrie entre lui et son père. Il faut avoir de l’avance pour occuper le terrain politique où tout est incertain. 2026, date de la prochaine présidentielle en Ouganda, se prépare dès maintenant.  En bon militaire rompu à la stratégie, Muhoozi Kainerugaba a fait ses adieux à l’armée pour mieux baliser le terrain, en vue de la présidentielle de 2026. Toutefois, il appartient au peuple ougandais de savoir prendre son destin en main, en refusant cette dévolution monarchique du pouvoir ad vitam aeternam par un homme et son clan.

Ahmadou Bayala/OuagaNews

 

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