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Convoi militaire français bloqué à Kaya : Attention au piège de la victimisation !

Un convoi militaire de la force française Barkhane, en provenance de la Côte d’Ivoire pour le Niger a toutes les peines du monde à quitter le territoire burkinabè. Et pour cause, des jeunes en  colère contre la France bloquent l’avancée du convoi. De Bobo-Dioulasso en passant par Ouagadougou et Kaya, les militaires français sont confrontés à la furie de ces jeunes.

A leur arrivée à Kaya, au Centre-Nord, le vendredi 19 novembre 2021, les manifestants ont littéralement pris d’assaut l’itinéraire du convoi en érigeant des barricades sur la voie. Intransigeants, ils s’opposent à ce qu’il poursuive son périple. Les différentes interventions ont échoué, obligeant les militaires français à se retirer dans un garage à l’entrée de la ville de Kaya.

Qu’est-ce-qui peut pousser ces jeunes à agir ainsi contre la force française ? Sont-ils manipulés ou agacés par la présence militaire française au Sahel ? Ces manifestants ne se trompent-ils pas d’ennemis en s’en prenant aux Français ?

Autant d’interrogations qui alimentent les débats, ces dernières heures. Colère légitime ou pas contre l’ancien colonisateur qu’on accuse de tous les maux qui nous accablent, ces manifestations spontanées contre le convoi militaire français, présentent dans une certaine mesure, des limites. Jusqu’à preuve du contraire, le convoi est en transit au Burkina.

Il n’a pas vocation à s’installer au Burkina. Même si c’était le cas, cela aurait fait l’objet d’un accord préalable entre les autorités françaises et burkinabè. Quel bénéfice tire-t-on à empêcher les Français de traverser notre territoire ? Absolument rien !

L’on peut comprendre les difficultés que nos Etats ont eues depuis les indépendances octroyées à s’émanciper véritablement de la tutelle de la puissance colonisatrice. Mais, il y a lieu aussi d’interroger nos propres responsabilités dans ce qui nous arrive en ce 21e siècle où nos Etats peinent à faire face aux exigences des populations dans tous les domaines de la vie socioéconomique.

A force de vouloir faire porter à la France tous nos échecs, nous allons passer le temps à entretenir un éternel discours de la victimisation. La jeunesse est le fer de lance d’une nation. On peut aisément comprendre son impatience de voir bouger les lignes. Mais, cela ne peut advenir concrètement que par le biais de la raison. Seules les armes de la raison pourront nous permettre de voir le bout du tunnel.

Tant que nos problèmes seront posés avec un certain amalgame et excitation, il nous sera difficile de situer les responsabilités de chacun dans les drames qui nous frappent. On ne peut pas occulter la part de responsabilités de nos dirigeants dans les malheurs qui nous frappent pour nous en prendre uniquement à la France.

On accuse à tort ou raison la France d’être de connivence avec les terroristes. Mais que disons-nous des Burkinabè qui, mus par le gain facile, ravitaillent ces mêmes terroristes en carburant ?  Sans dédouaner personne, la jeunesse doit avoir l’humilité de se former, d’aiguiser son jugement pour que l’on puisse sortir de cette longue nuit cauchemardesque.

La colère des jeunes peut être compréhensible, mais elle ne saurait prendre en otage leurs capacités réflexives pour mieux appréhender les maux. C’est en privilégiant la réflexion et en faisant preuve de retenue que l’on pourra espérer se libérer des chaînes que nous portons depuis belle lurette.

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