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Corruption dans l’administration publique : rompre avec les déclarations d’intentions en posant des actes forts

Aussitôt investi le mercredi 2 mars 2022, président du Faso, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba a annoncé les couleurs sur le front de la lutte contre la corruption.

A travers un communiqué émanant du service de la communication de la Présidence du Faso, Paul-Henri Damiba a donné des instructions au contrôleur général d’Etat de l’ASCE-LC de procéder, dans les meilleurs délais, en relation avec l’Ordre national des experts comptables et la Cellule nationale de traitement des informations financières, à un contrôle général de la gestion des structures de l’administration publique.

Il est demandé un audit de gestion pour les sociétés d’Etat, les EPE et assimilés, un audit d’investigation de détection de fraudes financières pour toutes les structures à contrôler, un audit de marchés publics pour toutes les structures à contrôler, sur les acquisitions des biens de services et sur les travaux publics et un audit spécifique sur les frais de mission, de voyage, de carburant et dons au bénéfice des EPE.

Cette décision fait suite à l’engagement pris par le chef de l’Etat, à sa prestation de serment devant le Conseil constitutionnel, le 16 février 2022, dans le cadre de la lutte contre la corruption. « La lutte contre la corruption, véritable serpent de mer dans notre pays depuis plusieurs décennies, doit prendre une nouvelle dynamique. L’administration publique que nous voulons mettre en place doit constituer en elle-même, par son mode de fonctionnement et par les valeurs morales des premiers responsables, un outil qui dissuade », avait-il précisé.

Il faut le reconnaître, la corruption gangrène dangereusement le développement socioéconomique du Burkina. Quand bien même des révélations de graves malversations défraient la chronique, ce fléau continue d’avoir pignon sur rue dans les rouages de l’administration publique burkinabè. A la limite, on pourrait dire que, de façon informelle, elle a été légitimée.

Dans les couloirs des services, la corruption a pris des allures de petits arrangements entre amis, copains et partenaires d’affaires. Des marchés publics sont attribués au plus offrant, c’est-à-dire celui qui est dans les bonnes grâces de ceux qui décident.

Dans ce système bien huilée, quand on est entrepreneur, il faut savoir tisser sa toile de relations dans l’administration publique pour pouvoir espérer un marché. Comme on le dit trivialement, il est important d’avoir les tuyaux qui pourront drainer les bonnes affaires vers soi et en retour, pour services rendus, on arrose le bon petit, qui a permis au rouage de fonctionner, d’espèces sonnantes et trébuchantes.

Dans ce cercle vicieux, c’est un impératif  de veiller à ce que la machine marche correctement sans grincement de dents. La corruption a tellement grippé les rouages de l’administration qu’elle est devenue incontournable. Ceux qui tentent d’empêcher le système d’aller de l’avant sont traités de personnes sans ambitions et de moralistes à deux sous.

Qu’est-ce que ceux qui essaient de faire preuve d’intégrité et de probité face à cet ogre impitoyable n’ont-ils pas entendu, lorsqu’ils ont refusé de succomber à ses délices ? « En tous les cas, sans vous, le dossier connaîtra une suite favorable. Arrêtez de jouer les Zorro pour rien, pensez à votre avenir.

Ce n’est pas vous qui allez changer les choses dans ce pays, prenez votre part et soyez tranquille ». Autant de propos jetés à la figure de certains qu’on traite d’indécrottables et d’aigris.

Vivement que la lutte contre la corruption annoncée par les autorités de la Transition puisse se mener avec toute la rigueur qui sied. Il ne saurait y avoir de traitement de faveur envers qui que ce soit. Il est temps qu’on montre véritablement la volonté de s’attaquer à un mal profond qui maintient le pays dans un enlisement total.

Combien d’édifices publics se sont écroulés au Burkina, entraînant souvent mort d’hommes, à cause de marchés frauduleusement attribués à des vautours ? Au nom de la corruption, on se moque du pays, on a tué tout élan de patriotisme en nous. Des édifices construits depuis l’époque coloniale résistent solidement à l’usure du temps sans prendre la moindre lézarde, tandis que des infrastructures scolaires et routières réalisées en moins d’une année sont allègrement endommagées.

Ce fléau entretenu par de petits fonctionnaires, de grands commis de l’Etat, des commerçants véreux et autres entrepreneurs doit être combattu avec vigueur. Il est temps que chacun comprenne qu’on ne peut bâtir une nation forte en fermant les yeux sur les ravages d’une corruption endémique, savamment entretenue par ceux-là même qui sont censés la combattre. Les autorités de la Transition doivent rompre avec les déclarations d’intentions en posant des actes forts qui participent à débarrasser l’administration publique des agissements des prédateurs opérant en toute impunité.

La corruption est un cancer qui menace de métastaser tous les compartiments de la société burkinabè. C’est un impératif d’opérer une véritable rupture au service d’une gouvernance vertueuse, soucieuse de l’intérêt général. Si on veut ériger une société où le mérite a encore de la valeur, alors il faudrait se donner les moyens d’éradiquer la corruption qui est aussi une forme d’exploitation de l’homme par l’homme, d’autant plus qu’elle creuse insidieusement les sillons des inégalités sociales, sinon de l’injustice.

Ahmadou Bayala/OuagaNews

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