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Côte d’Ivoire : la main tendue de Alassane Ouattara

Acquittés, la semaine dernière, par la Cour pénale internationale (CPI) des crimes contre l’humanité qui pesaient sur eux, l’ancien président de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo et son ministre de la jeunesse, Charles Blé Goudé, ont désormais le quitus pour rentrer au bercail.

Si leur acquittement était acquis, leur retour en Côte d’Ivoire était hypothétique jusqu’à ce que le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, fasse cette déclaration, le mercredi 7 avril 2021 : « Messieurs Gbagbo et Blé Goudé sont libres de rentrer en Côte d’Ivoire, quand ils le souhaitent ». Et de préciser que « les frais de voyage de M. Laurent Gbagbo et ceux des membres de sa famille seront pris en charge par l’État de Côte d’Ivoire et que des « dispositions seront également prises pour que Laurent Gbagbo bénéficie […] des avantages et indemnités dus aux anciens présidents de la République ».

Une nouvelle aussi surprenante qu’inattendue, d’autant plus que les deux personnalités ont été condamnés par contumace chacun à 20 ans de prison ferme par la justice ivoirienne. Un des avocats de l’Etat ivoirien était allé jusqu’à dire que dès que l’ancien président mettra pied en Côte d’Ivoire, il irait en prison. Que faut-il voir dans cette main tendue ?

Le chef de l’Etat réélu en octobre 2020, dans des conditions difficiles, est secoué par la disparition, en l’espace de huit mois, de deux de ses premiers ministres : Amadou Gon Coulibaly et Ahmed Bakayoko. En plus, même si les élections législatives ont vu la participation de l’opposition, le climat socio-politique reste relativement tendu en terre d’Eburnie. Le président Ouattara, se trouvant dans cet inconfort, ne pouvait que se résoudre à laisser son prédécesseur regagner le pays.

Au risque de voir les partisans de l’ancien chef de l’Etat bander leurs muscles dans les rues pour réclamer son retour, Alassane Ouattara a plutôt fait contre mauvaise fortune, bon cœur. C’est aussi un grand pas en faveur de la réconciliation nationale qui tarde à se réaliser en Côte d’Ivoire.

Toutefois, ce geste d’apaisement suscite un mécontentement chez les victimes des proches des massacres de la crise post-électorale de 2010. Qui devra répondre désormais, des crimes qui ont été perpétrés contre ces populations qui ont été prises entre deux feux ?

Les proches des 3000 victimes officielles sauront-ils la vérité un jour, sur ce qui s’est passé ? Autant de questions auxquelles il faudra répondre, tôt ou tard. Il serait illusoire de faire abstraction de la justice dans ce processus de réconciliation nationale.

Si cette la main tendue de Alassane Ouattara à son adversaire politique a de quoi apaiser, elle a aussi de quoi susciter des interrogations sur ceux qui attendent que justice soit rendue à ceux et celles qui ont perdu la vie, lors des différentes crises. La classe politique ivoirienne, dans toute sa composante, devra assumer ce passé douloureux pour que féconde un avenir qui rassemble. C’est en cela que le peuple ivoirien pourra se réconcilier avec lui-même et avancer sur le chemin de la cohésion sociale et de la fraternité.

La Rédaction

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