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Elections à la CENI : suspicions et opportunisme

Le renouvellement des instances dirigeantes de la Commission électorale indépendante (CENI) fait grincer des dents, ces derniers temps. Et pour cause, le Chef de file de l’opposition politique (CFOP) récuse la désignation de Bonaventure Dimsongdo Ouédraogo, Sao Naaba, le représentant de la chefferie coutumière au titre de la société civile comme commissaire à la CENI.

En toute logique, c’est lui qui devra présider aux destinées de la commission électorale pour les cinq prochaines années.  Mais, le CFOP est catégoriquement contre la désignation de Sao Naaba au motif qu’il est un militant du parti au pouvoir, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP).

Ce dernier a battu campagne sous les couleurs dudit parti, lors des échéances électorales de novembre 2020. Selon l’opposition, s’il venait à prendre les rênes de la CENI, il roulerait pour la majorité. Pour elle, Bonaventure Dimsongdo Ouédraogo n’incarne pas le critère d’impartialité qu’exigent les principes de la commission électorale.

Le CFOP menace même de retirer ses commissaires, si sa requête n’est pas prise en compte. L’on peut soutenir que l’opposition a le plein droit d’émettre des doutes sur la neutralité d’un commissaire. Mais, l’on peut aussi se demander sur quelle base elle fonde sa récusation ?

En tout état de cause, les instances dirigeantes de la CENI sont mises en place en référence aux dispositions du code électoral. Nulle part, il n’est mentionné dans ce code que l’appartenance politique d’un commissaire pose problème.

L’article 5 indique clairement que « ne peuvent être membres de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ni de ses démembrements, les personnes condamnées pour crime, les personnes condamnées pour délit, exception faite des délits d’imprudence, les personnes qui sont en état de contumace, les personnes condamnées pour fraude électorale ».

L’article définit les critères requis pour être membre de la CENI. On pourrait comprendre l’opposition si elle fondait sa récusation sur un argumentaire juridique. La posture dans laquelle se trouve le CFOP est purement et simplement l’expression d’une manœuvre politicienne.

Il y a comme une volonté d’entretenir des débats inutiles sur des questions qui auraient pu être résolues depuis fort longtemps, si la classe politique dans son ensemble était conséquente avec elle-même. Sinon comment comprendre qu’à chaque renouvellement des instances de la CENI, il y ait de l’électricité dans l’air ?

Au regard des trois décennies d’expérience démocratique, le Burkina aurait pu disposer d’un organe électoral autonome qui ferait son travail en toute tranquillité sans l’implication de politiques ou de la société civile. Mais au lieu de cela, l’on a préféré entretenir de sempiternelles querelles autour  de cette institution.

La vie politique se nourrit certes de débats, mais il est important de relever leur niveau. Jusqu’à présent, le Burkina est obligé de recourir à l’aide extérieure pour organiser ses élections. Mais, ces questions n’ont jamais préoccupé la classe politique.

Le pays n’a pas besoin d’une autre crise en plus de celles sécuritaire et humanitaire qu’il subit. Les leaders politiques ont le devoir de convoquer l’opinion à des préoccupations qui engagent le quotidien des populations. Entretenir la suspicion à tout bout de champ, frise un certain clientélisme et opportunisme politique.

La Rédaction/Ouaganews

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