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Retrait du Burkina de la CEDEAO : la Banque mondiale évalue les impacts économiques potentiels

Le 28 janvier 2024, dans un communiqué conjoint, les trois pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), Burkina, Mali et Niger, ont annoncé leur retrait immédiat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui compte 15 Etats membres. Dans sa note sur la situation économique du Burkina Faso publiée le 27 juin 2024, la Banque mondiale a procédé à des analyses préliminaires des impacts potentiels du retrait du « pays des hommes intègres » de l’organisation sous-régionale sur son économie.

 Quels sont les liens socio-économiques entre les 3 pays de l’AES et le reste de la CEDEAO ?

Les 3 pays de l’AES font partie des pays membres de la CEDEAO à faible revenu et représentent environ 8 % du Produit intérieur brut (PIB) régional. Cependant, ils pèsent 17 % de la population et 54% de l’espace géographique régional. Les principaux liens socio-économiques entre le Burkina, le Mali et le Niger et les autres pays membres de la CEDEAO portent sur le commerce extérieur, la fourniture de l’électricité, les corridors de transit terrestre et l’effectif de la diaspora.

Au niveau du commerce extérieur, ce sont au moins 5 % des exportations formelles des pays de l’AES qui sont destinées à la CEDEAO en raison de la nature de leurs exportations dominées par l’or destiné à des pays en dehors de la CEDEAO. Quant aux importations, plus d’un tiers de marchandises du Burkina, du Mali et du Niger proviennent de la CEDEAO composées essentiellement des produits alimentaires et du carburant.

Au niveau de la fourniture de l’électricité, les pays de l’AES importent de l’électricité de certains pays membres de la CEDEAO à un coût inférieur à celui de la production nationale. Ainsi, le Burkina Faso importe depuis le Ghana et la Côte d’Ivoire, le Mali depuis la Côte d’Ivoire et le Niger depuis le Nigéria.

Quant aux corridors de transit terrestre dans la région de la CEDEAO, ils sont essentiels pour les 3 pays de l’AES qui sont tous enclavés pour qu’ils puissent se connecter aux autres pays de la région et aux ports côtiers de la région pour les importations en provenance du reste du monde.

Pour la diaspora, environ 3 millions de nationaux des pays de l’AES vivent dans les autres pays de la CEDEAO dont 1,6 million Burkinabès, 900 milles maliens et 400 milles nigériens. Ces derniers envoient régulièrement d’importants transferts de fonds qui soutiennent les équilibres extérieurs et les revenus des ménages de leurs pays respectifs. Ces transferts représentent 21 % des échanges de transferts de fonds intra-CEDEAO, soit environ 3,5 milliards dollars américains ou 2 100 milliards F CFA.

Les impacts attendus sur l’économie dépendront des modalités de sortie

 Compte tenu des liens socio-économiques, les principaux canaux de transmission potentiels de la sortie de la CEDEAO pour les pays de l’AES pourraient être les perturbations du commerce, du transit et des flux de personnes ainsi que l’augmentation des primes de risque des investisseurs.

Pour évaluer les impacts potentiels sur le Burkina, le Mali et le Niger du retrait de la CEDEAO et tenant compte des nombreuses incertitudes, la banque mondiale a considéré deux scénarios dans lesquels les pays restent dans l’UEMOA. Il faut noter que les 3 pays restent toujours membres de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) et selon le traité révisé de la CEDEAO, une période de notification d’un an est nécessaire pour le Burkina, le Mali et le Niger pour quitter la CEDEAO.

Le premier scénario considère une sortie ordonnée de la CEDEAO avec des accords négociés qui minimisent les retombées sur l’UEMOA. Ce scénario limiterait les impacts de la sortie de la zone de libre-échange de la CEDEAO avec des coûts commerciaux plus élevés et un commerce plus faible avec les États membres de la CEDEAO qui ne font pas partie de l’UEMOA. L’incertitude quant à la sortie et à ses conséquences entraînerait une augmentation des primes de risque des investisseurs et des coûts de financement régionaux de l’UEMOA.

Le second scénario considère une sortie de la CEDEAO avec des accords lacunaires qui entraîne des retombées substantielles sur l’UEMOA. Dans ce scénario, les droits de douane et les barrières non tarifaires sur les importations en provenance des pays de la CEDEAO non membres de l’UEMOA seraient plus élevés que dans le premier scénario, ce qui pourrait augmenter les recettes douanières à court terme, mais réduirait considérablement les volumes d’importation.

Les autres risques liés à la sortie des pays de l’AES de la CEDEA pourraient être la perturbation de circulation des personnes, l’incertitude sur le marché financier régional avec des risques d’augmentation des primes de risque des pays et les coûts de financement régionaux et la perte des opportunités aux programmes d’intégration régionale dans les domaines de l’énergie, des systèmes alimentaires, de la sécurité, du numérique et de la préparation aux pandémies.

Cependant, quant aux opportunités liées à la sortie des pays de l’AES de la CEDEAO, elles sont plutôt commerciales. Par exemple l’intensification des relations commerciales bilatérales existantes ou l’établissement de nouvelles relations commerciales bilatérales y compris avec des pays en dehors de la CEDEAO bien que ces opportunités puissent prendre du temps avant de se matérialiser pleinement, car de nouveaux accords commerciaux devront être négociés et de nouvelles routes commerciales et/ou de transit mises en place. En effet, environ 2/3 des importations du Burkina, du Mali et du Niger proviennent de l’extérieur de la CEDEAO.

Wandaogo Moussa/OuagaNews.net

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