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Présidentielle 2021 : le Niger à l’épreuve de l’alternance démocratique

Alors que le Niger s’apprête à vivre sa toute première alternance politique, où un président démocratiquement élu va passer le témoin à un autre président élu démocratiquement, les oiseaux de mauvais augure se font entendre.

Depuis la proclamation des résultats globaux provisoires de la présidentielle par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) dans la soirée du 23 février 2021, donnant vainqueur Mohamed Bazoum avec 55,75% des suffrages contre  44,25%  à son adversaire Mahamane Ousmane, le climat s’est dégradé à Niamey, la capitale nigérienne.

A quelques heures de l’annonce des résultats provisoires, la coalition 20-21 qui a soutenu Mahamane Ousmane, depuis le premier tour de l’élection, a fait une déclaration pour dénoncer un hold-up électoral orchestré par le pouvoir en place. Il n’en fallait pas plus pour que des manifestants, en majorité jeunes, envahissent les rues pour protester contre la victoire du candidat du parti au pouvoir.

Pneus brûlés sur les voies publiques, artères barrées, boutiques et stations-services vandalisées et pillées, tel est le visage que présentent des quartiers de la capitale nigérienne. Les sièges de campagne des partis alliés du PNDS de Mohamed Bazoum ont également essuyé la furie vengeresse des partisans de l’opposition. Instrumentalisés par des discours aux relents ethnicistes et haineux, ils entendent pourrir la situation pour saper la belle leçon de démocratie que le Niger vient de donner à l’Afrique.

Jusqu’à présent, les forces de l’ordre veillent au grain, en procédant à des interpellations de vandales mus par leur instinct de prédateurs. Même s’il est connu pour sa pondération, le refus du candidat Mahamane Ousmane de reconnaître la victoire de son challenger n’est pas pour apaiser cette ambiance délétère. Il faut impérativement décrisper l’atmosphère dans de brefs délais, pour que les Nigériens qui n’ont pas connu de crise postélectorale jusque-là, puissent continuer à vivre ensemble, pour mieux affronter les défis communs.

L’organisation de toute élection est encadrée par un code électoral qui définit les voies de recours, lorsqu’il y a un contentieux. Sans prétention de dédouaner un camp au détriment de l’autre, il aurait été logique que l’opposition qui crie à la fraude puisse rassembler les preuves et déposer des recours d’annulation devant les juridictions compétentes en la matière. L’attitude peu recommandable des manifestants est imputable à certains leaders obsédés par une vengeance séculaire qui ont fait à dessein de la surenchère, pendant la campagne électorale.

Le bon démocrate, c’est d’abord celui qui éduque ses militants à la base aux principes de la république. Si faire de la politique doit se limiter à entretenir des intrigues sur fond de stigmatisation et d’encensement de l’esprit grégaire, il serait illusoire de penser que les pays africains sortiront de l’ornière. Voilà un pays où le chef de l’Etat s’est gardé de toucher à la loi fondamentale de son pays pour se maintenir au pouvoir, alors que ses homologues ont donné le mauvais exemple ailleurs.

Ce serait faire preuve de mauvaise foi, si l’on se mettait à jeter des fleurs au président Mahamadou Issoufou, pendant ses dix ans à la tête du Niger. De belles comme de mauvaises initiatives ont été prises avec ou sans sa complicité. Certains citoyens ont dû se sentir exclus d’une certaine manière. En plus, les défis liés à la sécurité, l’éducation, la santé, l’emploi des jeunes et des femmes restent encore prégnants.

Toutefois, le chef de l’Etat sortant a œuvré à ce que l’alternance soit une réalité au Niger, à l’issue de ses deux quinquennats. D’où la nécessité pour toute la classe politique de saluer cet engagement qui va permettre de baliser le terrain pour le renforcement des institutions démocratiques. Cette élection, au-delà des irrégularités constatées çà et là, a été à tout le moins inclusive.

Il est de la responsabilité de la classe politique nigérienne de prôner l’apaisement, pour que la passation de pouvoir se passe sans encombres. Les Nigériens ont assez souffert du terrorisme ces dernières années, pour se retrouver à vivre une crise qui n’en vaut pas la peine. Aujourd’hui, tout le monde a le regard rivé sur le Niger. Et les leaders politiques ont la responsabilité de prendre de la hauteur. Personne ne sortira gagnant d’une contestation stérile.

La Rédaction

 

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