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Burkina/Coup d’Etat : retour sur le film des événements

Au petit matin du dimanche 23 janvier 2022, Ouagadougou s’est réveillée dans le crépitement des armes au camp Sangoulé Lamizana sis au quartier Gounghin et à la base aérienne 501. Du ras-le-bol des soldats, les choses ont vite évolué vers un coup d’Etat qui a été confirmé dans la soirée du lundi 24 janvier 2022.

Tout commence au petit matin du dimanche 23 janvier 2022 à 4 heures du matin, au camp Sangoulé Lamizana et à la Base aérienne 501, à Ouagadougou. Des rumeurs d’une prise de pouvoir par des militaires sont vite démenties par le gouvernement. A Kaya, dans la région du Centre-Nord, tout comme à Ouahigouya, chef-lieu de la région du Nord, des coups de feu ont été entendus dans des casernes.

Vers 8 heures, le porte-parole du gouvernement, Alkassoum Maïga, dans un communiqué, dément toute prise du pouvoir par des militaires comme cela avait circulé sur les réseaux sociaux, aux premières heures des tirs.  Il reconnaît « l’effectivité de tirs dans certaines casernes » et appelle les populations à rester calmes.

A 9h 25mn, c’est le ministre des armées et des anciens combattants, le général de brigade Aimé Barthélemy Simporé, qui se présente à la télévision nationale pour démentir « formellement l’arrestation du chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré ». « Il y a quelques casernes qui sont concernées, il n’y en a pas trop ! Le calme est déjà revenu dans certaines casernes.

Le gouvernement suit la situation et communiquera en temps opportun sur l’évolution », détaille le ministre.  Il précise qu’aucune institution de la république n’a été inquiétée pour le moment et que ces mouvements sont « localisés, circonscrits ». « Nous suivons leur évolution », rassure-t-il. Il invite les populations à vaquer tranquillement à leurs occupations.

Après le passage du ministre des armées à la télévision nationale, une relative accalmie est constatée dans le centre-ville de Ouagadougou. Les tirs cessent dans les casernes.

Internet mobile inaccessible

Aux environs de 11h, l’internet mobile est coupé. Il est impossible d’avoir la connexion à partir de son portable. Entre-temps, un groupe de jeunes se rend au camp Sangoulé Lamizana pour, dit-on, soutenir les soldats en colère. Les accès sont barrés au niveau de l’échangeur du Nord. Le rassemblement sera de courte durée.

Dans la confusion, le siège de campagne de l’ex-parti au pouvoir, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), situé au quartier Nonsin de Ouagadougou, est pris d’assaut par des manifestants. Le rez-de-chaussée est saccagé et incendié. L’intervention des sapeurs-pompiers a limité les dégâts.

En dépit de cette matinée incertaine, les compagnies de transport poursuivent leurs activités en toute tranquillité. Dans les gares de STAF, SBTA, TSR… le transport de passagers s’est poursuivi sans interruption. Quant aux marchés, ils sont restés fermés toute la journée.

Les stations-services refusent également de servir du carburant aux motocyclistes et automobilistes dans le centre-ville. Un tour au Centre hospitalier universitaire de Bogodogo, un quartier de Ouagadougou, a permis de voir deux personnes blessées par balles perdues dans la matinée. Il s’agit de deux femmes âgées. L’une a été touchée au dos, tandis que l’autre a reçu une balle au pied.

Un couvre-feu instauré

Jusque dans l’après-midi, c’est toujours l’interrogation sur ce qui se passe réellement. L’on parle de négociations entre les militaires en colère et les autorités. Même si jusqu’à présent, rien d’officiel n’a été dit à propos de leurs revendications, des sources affirment que les soldats exigent des équipements adéquats dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et demandent le départ de certains hauts cadres de l’armée comme le chef d’état-major général des armées et le directeur général de l’Agence nationale de renseignement. Ils exigent également une prise en charge conséquente des blessés et des familles des victimes de la lutte contre le terrorisme.

Dans la soirée, le gouvernement instaure un couvre-feu de 20h à 5h 30 sur toute l’étendue du territoire. La psychose qui s’était emparée de certains habitants de la capitale est quelque peu retombée avec la victoire de l’équipe nationale, les Etalons, qui jouaient contre les Panthères du Gabon en 8es de finale de la Coupe d’Afrique des nations qui se joue actuellement au Cameroun.

Lundi 24 janvier 2022, les nouvelles sur l’arrestation du président du Faso circulent un peu partout. Malgré le couvre-feu instauré la veille, des tirs nourris sont entendus toute la nuit au camp Baba Sy, non loin de la résidence du président du Faso. Tôt le matin, un dispositif militaire impressionnant prend position devant la télévision nationale. Une déclaration importante est attendue dans les heures qui suivent.

Les habitants de Ouagadougou sont sur le qui-vive. Des commerces, magasins, banques et stations-services ferment leurs portes, au regard de la situation confuse. Tout porte à croire qu’une tentative de coup d’Etat est en cours. Les négociations entre les militaires révoltés et les autorités n’auraient pas abouti.

17h 28mn, 14 militaires font une annonce en direct à la RTB. Ils annoncent le renversement du président, Roch Marc Christian Kaboré.  Sous le leadership du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, « le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) a décidé d’assumer ses responsabilités devant l’histoire, la communauté nationale et internationale ».

Des citoyens favorables au putsch laissent éclater leur joie dans certaines rues de Ouagadougou et à la place de la Nation. Ce qui était considéré comme un mouvement d’humeur de soldats était en réalité, un coup d’Etat bien préparé.  Le Burkina Faso a un nouvel homme fort : le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo. (Photo à la une).

Ahmadou Bayala/OuagaNews

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