Les militaires qui se sont accaparé le pouvoir au Mali, ont affirmé vouloir une transition militaire de 3 ans. Si une solution au sort du président déchu, Ibrahim Boubakar Keïta (IBK) a été facilement trouvée entre la junte militaire et la délégation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la durée de la transition et sa nature risquent d’être les points d’achoppement des négociations en cours.
La durée de la transition dans un pays, après un coup d’Etat est une question cruciale, qu’elle soit courte ou longue. Chaque cas de figure a ses avantages et ses inconvénients, à la lumière des expériences de transition qu’ont connues certains pays africains.
Des transitions courtes ont eu lieu au Niger, au Burkina Faso et au Mali. Une transition courte permet de retrouver rapidement la voie démocratique et d’avoir un régime qui répond aux aspirations du peuple. Elle permet aussi, de renouer rapidement avec la communauté internationale. Cependant, une transition courte ne laisse pas le temps aux acteurs politiques de procéder à des réformes fondamentales pour faire face aux maux qui ont conduit à la crise.
Au Burkina Faso, des Burkinabè ont regretté que la durée courte de la transition n’ait pas permis d’adopter des réformes fondamentales qui auraient répondu aux aspirations des insurgés de 2014. Des analystes politiques affirment aussi qu’une transition courte ne permet pas l’organisation d’élections crédibles, car ce seront les mêmes partis politiques déchus qui ont les gros moyens qui reviennent toujours au pouvoir, créant un statu quo dans le pays.
Des transitions longues, on peut citer les cas de la Centrafrique avec Catherine Samba-Panza et du Soudan, après la chute de Omar el-Béchir où les militaires ont décidé d’une transition de trois (03) ans. Une transition longue permet de prendre le temps de diagnostiquer les maux du pays et d’apporter des solutions pérennes, à travers des réformes audacieuses.Le risque d’une transition longue est que les dirigeants veuillent s’accrocher au pouvoir, après avoir goûté aux délices de celui-ci et ne favorisent pas une bonne gouvernance. En Afrique, plusieurs transitions longues ont été la source d’une gabegie financière et c’est l’exemple de la transition de Catherine Samba-Panza qui s’est terminée par des scandales financiers de ses proches.
Maintenant, la transition doit-elle être dirigée par un militaire ou un civil ? Une transition dirigée par un militaire et qui a abouti à des élections est celle du Niger dirigée à l’époque, par le général Salou Djibo, actuellement candidat à la prochaine présidentielle du Niger. Cependant, la transition militaire en Guinée-Konakry s’est terminée en queue de poisson entre frères d’armes : Moussa Dadis Camara et Sékouba Konaté. Comme exemple de transition civile réussie, on peut citer celles de Michel Kafando au Burkina Faso et de Dioncounda Traoré au Mali. Le bon attelage est-il d’avoir un président militaire et un Premier ministre civil comme au Soudan ou un président civil et un Premier ministre militaire comme au Burkina Faso ?
Courte ou longue, dirigée par un militaire ou par un civil ? Dans les pays dans lequels surviennent des coups d’Etat, suivis de transition, tout le monde est unanime que des réformes sociopolitiques et économiques sont nécessaires dont la mise en oeuvre dépend d’une volonté politique. En tous les cas, les militaires en Afrique ont toujours un avantage sur les civils, car dépositaires de la force publique. Les politiciens africains doivent convaincre les militaires qu’ils sont capables de bien gérer nos pays sans mettre leur avenir en péril et éviter l’éruption de ces derniers dans la scène politique.
La Rédaction